• Je ne vais pas vous rappeler le principe, maintenant vous êtes habitués à ce projet ! Si ce n'est pas le cas, petite séance de rattrapage avec l'épisode 1 (ici), l'épisode 2 (ici) et l'épisode 3 (ici). 

    Je vous laisse avec le quatrième passage, que j'ai écrit. N'oubliez pas de voter au sondage, à la fin du récit, pour choisir la suite qu'il vous plaira et que Mademoiselle M devra écrire ! Bonne lecture, et n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires.

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       Le village de Folaincourt était tel que je l’avais imaginé : composé de petites rues garnies de nombreuses boutiques, il n’y avait pas foule sur la place du village. Une statue en bronze surmontait une fontaine ; autour avaient été construites des maisons qui semblaient centenaires. La tour de la ville – une grande horloge plus qu’une tour, en réalité – surplombait la ville.

    J’appréciais l’atmosphère mystérieuse qui se dégageait des lieux. Bizarrement, nous étions les seuls passants, alors que maman m’avait confié que Folaincourt était un village assez touristique.

            -Où sont les boutiques ? grommela Cassie en descendant de la voiture.

            Maman fit comme si elle n’avait pas entendu. Elle souriait, heureuse de retourner dans son village d’enfance. Mais il y avait autre chose sur son visage. Une lueur plus sombre, presque effacée, que je n’aurais pas su expliquer. Quelque chose d’effrayant.

            -Tout va bien, maman ? m’enquis-je en claquant la portière.

            Elle se tourna vers moi, tout sourire. La lueur inquiétante avait disparu.

            -Evidemment, ma chérie. Et tout ira encore mieux lorsque je vous aurais fait goûter les gaufres du Bar de la Joie. C’était là qu’on se retrouvait tous les soirs avec des amis du lycée. Sam m’a dit que le gérant n’avait pas fermé boutique ! C’est une super nouvelle, vous ne trouvez pas ?

            J’entendis Cassie grogner – elle m’agaçait. C’était rare que maman fût d’aussi bonne humeur, et cela faisait des années qu’elle n’était pas venue ici. Nous pouvions donc nous efforcer d’être de bonne compagnie, c’était le minimum. Je décochai un regard noir à ma sœur et nous emboîtâmes le pas de maman.

            Les rues étaient vides, pourtant les stores de chaque boutique étaient ouverts. Cordonnier, boucher, serrurier, boulanger, artisan, tous les petits commerces étaient représentés.

            Nous arrivâmes devant une échoppe sombre. La façade, entourée de lierre sauvage, annonçait en grandes lettres dorées : Bar de la joie. Maman avait l’air radieux. Elle ouvrit la porte, et une petite cloche se mit à carillonner.

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    Un homme immense vint alors à notre rencontre. Il portait une longue barbe blanche et sale, qui se mêlait au tissu de son tablier de cuisine. Il croisa les bras en nous apercevant.

            -Tiens, des petits nouveaux. Bienvenue au…

            Maman ne lui laissa pas le temps de finir ; elle lui sauta dans les bras. Je ne l’avais jamais vue si excitée. On aurait dit une enfant découvrant Disneyland.   

            -Hector, s’écria-t-elle. Tu ne te rappelles pas de moi ?

            La phrase bateau. Et dire que c’était ma mère qui la prononçait ! L’homme se gratta la tête, perplexe, et dévisagea longuement ma mère. Puis son regard s’éclaira.

            -Katherine ! Nom de Dieu !

            Il paraissait réellement surpris de la voir ici. Je devinai que maman n’était pas venue depuis des dizaines d’années.

            -Comme tu as grandi, s’extasia Hector.

            Il se tourna vers Cassie et moi.

            -Tu me présentes, Cath ?

            Ainsi donc, ma mère avait un surnom. Je ne pus m’empêcher de ricaner. Cassie me toisa d’un air méprisant – elle n’avait pas l’air de trouver ça drôle, elle.

            -Hector, voici Cassie et Alice, mes deux filles. Leur petit frère est parti pêcher avec leur père. Les filles, voici Hector, le propriétaire du bar. Tout le monde le connait ici.

            -Votre mère venait au Bar de la joie tous les jours, à votre âge. Toujours entourée de sa bande de copains.

            Maman se racla la gorge, un peu gênée.

            -Oui, bon. Tu nous sers un Coca ? On va aller s’asseoir là-bas.

            Elle désigna des tables rondes, au fond du bar, tandis qu’Hector repartait au comptoir. Maman nous expliqua que ce bar était le rendez-vous quotidien de tous les jeunes de Folaincourt.

            Je me surpris à me demander si Alexandre traînait par ici. Je rougis à cette idée.

            Je n’étais pas belle comparé à Cassie. Si l’une de nous deux devait plaire à Alexandre, j’étais certaine que ce ne serait pas moi. Cassie faisait tout mieux que moi, elle possédait une assurance face aux garçons que je n’avais pas ; en fait, elle était comme une version améliorée de la petite Alice, timide et trop mince.

            Je jetai un coup d’œil à Cassie pour tenter de lui trouver quelques défauts, afin de me remonter le moral – plaisir sadique que d’avoir une sœur. Elle était toute pâle.

            -Je ne me sens pas très bien, je crois que je vais aller prendre l’air, s’excusa-t-elle d’une petite voix.

            Maman voulut dire quelque chose, partir à sa suite, mais Cassie avait déjà disparu. Hector vint nous apporter les boissons, et je pensai à autre chose.

            Un garçon d’environ dix-sept, dix-huit ans, entra alors dans le bar. Je le dévisageai, surprise par sa mèche de cheveux blonds, jurant avec la noirceur de ses cheveux. Ses yeux noirs perçant me reluquèrent à leur tour.

            Maman choisit ce moment pour se lever.

            -Il vaudrait mieux que j’aille retrouver Cassie. Elle ne connait pas la ville et risque de s’y perdre.

            Lorsqu’elle franchit la porte, je sentis une main effleurer mon épaule. Je sursautai. Le garçon qui venait d’entrer dans le bar me regardait avec un petit sourire.

            -Tu es la petite nièce de Sam, c’est ça ?

            Mes yeux s’écarquillèrent aussitôt, échappant à ma volonté.

            -Euh, effectivement. Comment tu le sais ?

            Il haussa vaguement les épaules en s’asseyant sur la chaise en face de moi.

            -Disons que c’est une petite ville, ici. Je m’appelle Caleb. Tu es en vacances ?

            Passé l’effet de surprise, je décidai de répondre à ses questions sans rougir ni bégayer – était-ce encore possible ?

            -Oui, je reste deux semaines chez mon oncle. C’est très chouette, ici. Enfin, j’aime bien le coin, quoi.

            Il éclata de rire. Ses yeux noirs semblaient pétiller.

            -Folaincourt n’est pas le lieu idéal si tu veux t’éclater, mais oui, c’est chouette. Enfin, ce n’est pas l’adjectif qui me viendrait en premier pour décrire cette ville. Il y a… pas mal de mystère. Tu devrais éviter de te faire trop remarquer, si tu vois ce que je veux dire, termina-t-il d’un air mystérieux.

            Non. Je ne voyais absolument pas. J’allais lui demander d’éclaircir son propos, lorsqu’Hector fit son apparition et posa sa grosse main sur l’épaule de Caleb.

            -Tu n’as rien à faire ici. Tu le sais.

            Caleb se leva, blanc comme un linge. Il me lança un regard dépité, ouvrit la bouche pour dire quelque chose, puis se ravisa. Alors qu’il ouvrit la porte du bar pour sortir, un cri se fit entendre au dehors. Cassie. J’aurais reconnu son timbre à des kilomètres à la ronde.

            Je bondis dehors, les jambes tremblantes, et eut un sursaut lorsqu’un deuxième hurlement retentit dans la ville ; celui de ma mère cette fois, j’en étais certaine. Je me mis alors à courir, les jambes flageolantes, mon cœur tambourinant dans ma poitrine comme s’il voulait en sortir.

            Je vécus la scène au ralenti, comme dans un film. J’arrivai sur la place du village, près de la tour de d’horloge où maman s’était garée en arrivant. Le corps de Cassie gisait face contre terre, ses longs cheveux couvrant son visage. Son bras gauche formait un angle bizarre.

            Maman était agenouillée auprès d’elle, le visage congestionné par l’horreur, les yeux sortis de leurs orbites. La scène était surréaliste. Je plaquai une main sur ma bouche et m’élançai vers elle.

            -Maman !

            Ma mère caressait à présent les cheveux de Cassie en pleurant, son portable dans la main.

            -Appelle, balbutia-t-elle la voix couverte par les larmes, appelle une ambulance. Vite !

            Les doigts tremblant, je composai le numéro des urgences.

            -Elle est tombée, elle est tombée du clocher, je l’ai vue là-haut, Alice, Alice, elle est tombée, elle est tombée, Alice fais quelque chose, je t’en prie, elle est tombée.

            Une fois les urgences sur la route, je jetai un coup d’œil à la foule de curieux amassés autour de nous, tous terrorisés, choqués. Je voulus les faire partir mais ma voix resta coincée dans ma gorge.

            -Elle est tombée du clocher, sanglotait maman.

            Je regardai le corps inerte de ma sœur, incapable de réagir, puis mon regard se porta vers la tour où elle était tombée. Une silhouette observait la scène depuis le clocher, puis disparut à l’intérieur du bâtiment.  

            Sans même réfléchir, je m’élançai à sa poursuite et pénétrai dans la tour. Il faisait sombre, l’air était frais, mais l’adrénaline m’empêcha de faire marche arrière : mes jambes, hors de ma volonté, se mirent à grimper l’escalier. 

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    2 commentaires
  • Vous commencez à comprendre le principe : toutes les deux semaines, Mademoiselle M (son blog ici) et moi-même écrivons le passage d'une histoire à suivre, que nous avons inventée. A l'issue de chaque épisode, c'est à vous de voter pour savoir comment continuera la suite ! 

    Cette semaine, c'est Mademoiselle M qui a écrit le troisième épisode.

    Vous pouvez évidemment retrouver le 1er ici, et le deuxième ici.

    Sans plus attendre, c'est parti ! N'oubliez pas de voter à la fin, et pourquoi ne pas laisser un petit commentaire pour partager votre avis ?

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    Le mur fut mon seul soutient. J’aurais du ouvrir cette fichue porte. Je l’aurais fait sans nul doute si quelque chose n’avait pas attiré mon attention. Un bruit. Un bruit sourd qui provenait de mon armoire à pied. Dans le noir, j’avançais pied nu sur le parquet qui grinçait à chacuns de mes pas. Mon coeur battait à une vitesse folle.

     

    A peine une journée passer dans ce manoir et j’en avais déjà ma claque. Tout d’abord cette sensation d’être observé que j’avais ressenti dans le jardin, puis cet étrange Maria qui me ressemblait comme deux gouttes d’eau, et enfin ça… Qu’est-ce qui ne tournait pas rond ici ?

    Je portais ma main à la poignée. Deux petites gouttes de sueurs coulèrent le long de mon front. Le bruit s’intensifiait. Comme si quelque chose -ou quelqu’un- tapait contre le bois de l’armoire.

    Mais alors que j’étais prête à découvrir de ce quoi il s’agissait, la porte battante s’ouvrit en un battement et  je me sentis propulser au sol par un coup d’épaule violent alors que l’ombre d’un être humain glissa dans toute ma chambre jusqu’à ma fenêtre et se laissa glissa à l’extérieur. Terrorisée que j’étais, je restais quelques secondes au sol sans savoir comment réagir.

    Puis sans me défaire de cette témérité que je ne me connaissais pas, je me levais -encore tremblante- et posais une main sur le bord de ma fenêtre. Je n’avais même pas remarqué qu’elle étais ouverte lorsque je m’étais endormie. Puis le sang recommença à couler dans mes veines, mes esprits se remirent en place et je fonçai dans le couloir. Il n’y avait plus personne sur le palier, ni Sam, ni la mystérieuse personne en grande conversation avec lui. Et puis, à la vue de cet immense couloir que je me mis à hurler. Ce hurlement que j’avais retenue quelques minutes plutôt.

    Le réveil fut douloureux. Je descendis les marches de l’escalier tel un zombie. Je n’avais pas fermé l’oeil de la nuit, mes yeux passaient leur temps à vagabonder entre l’armoire et la fenêtre. Lorsque que j’avais hurler un petit peu plutôt dans la nuit, toute la maison s’était réveillée paniqué pour me découvrir en pleur pelotonné contre moi-même en pyjama dans le couloir. Mes parents avaient essayer de m’arracher quelques informations mais je n’ai rien dit avant l'arrivée de l’oncle Sam. A lui, je lui avais tout balancé à la figure comme s’il était le seul responsable. Mais mon père avait commencé à croire à des voleurs et avait pensé qu’il serait plus juste d’avertir les autorités. Je n’y étais pas contre, seulement oncle Sam n’était pas du même avis. Il avait interdit à mon père de toucher au téléphone et il avait lancé une phrase avant de retourner se coucher qui m’avait mise hors de moi.

    - Il n’y a pas de voleurs ici. Ces gamins ont vraiment beaucoup trop d’imagination. Retournez tous vous coucher !

    Après ça, mon mère avait cru important de me rassurer et m’avait prouvé comme si je n’avais que quatre ans -et une couche-culotte à la place de mon pyjama - qu’il n’y avait pas, je cite “de monstre dans l’armoire”. Puis elle m’avait bordé et m’avait déposé un doux baiser sur le front avant de fermer ma fenêtre restée ouverte. C’est ainsi, en me remémorant tous les passages de cette affreuse nuit que j’avais débarqué dans le salon.

    -Bonjour, ma chérie, sifflotait mon père un café dans la main, le journal dans l’autre, bien dormi ?

    Je ne pris même pas la peine de répondre et m’installai à table où une multitude de petits pains au lait étaient posés en désordre sur une assiette. J’en pris un et le croquais à pleine dents. Je remarquai mon petit frère allongé sur le sol, sa fidèle console dans les mains. C’était à peine s’il s’était rendu compte de ma présence.

    - Où sont les autres ?, je questionnai mon père qui lèva son nez du journal au son de ma voix.

    - Ta mère prend sa douche, Cassie est au téléphone et Sam...je ne sais pas où il est passé, dit-il en regardant autour de lui, Aujourd’hui ta mère s’est mise en tête de vous faire visiter le village. Tu devrais aller te préparer.

    - Il nous faudra à peine un quart d’heures pour faire le tour de ce bled, dis-je en soupirant, je préférerais rester ici…

    - Écoute, chérie, cela fait très longtemps que je n’avais pas vue ta mère aussi joyeuse. Alors, s’il te plaît, ne gâche pas ses vacances et fait lui plaisir, d’accord ?

    Je haussai les épaules et débarrassai mon bol de lait.

    - Il vient, lui ?, je demandai en regardant le petit geek en pleine action.

    - Non. Lui, moi et Sam nous allons à la pêche. Tu sais que dans ces marais on peut trouver...

    Je me faufilai dans les escaliers avant d’avoir le droit à un cours de pêche avec mon père.

    - Hé ! Fais attention où tu vas, Alice !, grogna ma soeur alors que j’étais arrivée en haut de la cage d’escalier, c’est parce que tu as peur de voir un autre fantôme que tu baisse la tête de cette façon ?, se moqua-t-elle en agitant sous mon nez ses longs cheveux dont le shampooing à la verveine citronnelle s’infiltrait dans mes narines d’une façon très désagréable.

    Je la dépassai sans même relever sa pique. A quoi bon entrer dans son jeu ? A priori la facette de la soeur complice qu’elle m’avait fait miroiter la veille s’était évanoui dans la nuit.

    Arrivée dans la chambre 6, je fermai la porte dans mon dos et, déterminée, j’ouvris la porte de l’armoire. Rien, mis à part ma pile de vêtement et une paire de botte. Je tentais de me remémorer la scène dans ma tête. Je revoyais cette ombre qui s’était glissée sans un bruit sur le parquet mais qui avec une force étonnante m’avait propulsé sur le sol. Et puis je me revoyais quelques heures avant, entrain de déballer ma valise. Je m’étais mise en pyjama et m’étais glissé dans mes dras avant d’entendre les voix dans le couloir. Il devait être vingt-trois heure.

    - Il n’y avait donc rien lorsque je me suis couchée, je chuchotai pour moi-même en glissant mon regard de haut en bas du meuble en bois, mais c’est complètement impossible !  

    Cela voudrait dire que quelqu’un était apparu dans mon armoire, comme ça, en un claquement de doigt ? Et surtout, que faisait-il là ? Je n’eus pas le temps de pousser mes réflexions plus loin car la voix de ma mère se fit entendre en bas de l’escalier. Je sautai dans un jean, enfilai une chemise à la va-vite, tout en ne réussissant pas à détacher mon regard de celui de Maria sur le tableau au dessus de mon lit.

    Je fonçai dans la salle de bain, me brossai les dents, passai un coup de peigne dans mes cheveux, traçais deux traits de liner noirs au-dessus de mes cils et descendis les escaliers tout en tentant d’enfiler mes baskets. Un véritable parcours du combattant relevé en mois de cinq minutes montre en main.

    Maman, Cassie, et Sam discutaient dans le hall devant la porte d’entrée. Maman parlait fort, faisait de grands gestes et avait enfilé sur sa tête le chapeau d’Indiana Jones comme si nous allions partir à la recherche de l’arche perdue. En effet, elle était de bonne humeur.

    En remarquant ma présence, Sam eut un petit rictus qui échappa à tout le monde sauf à moi. Mais il se reprit bien vite et me sourit. Je grognais intérieurement.

    - Voyez qui voilà ! Alice, comment vas-tu ce matin ?

    A priori ma réponse ne l'intéressait pas tellement puisqu’il passa tout de suite à autre chose. Il passait de temps à autre une tête par-dessus son épaule et je me demandais vraiment ce qu’il était entrain de faire.

    Et c’est alors que je le remarquai. Lui, caché par l’ombre de la grande horloge à pied, il s’avança d’un pas. Grand, brun, les mains dans les poches, le regard espiègle et habillé d’un polo blanc sans manche, il tendit une main vers moi. Stupide que j’étais je mis quelques secondes - embarrassantes -  avant de tendre la mienne et la serrer.

    - Je te présente Alexandre. C’est un jeune de Folaincourt, dit mon vieil oncle en donnant une petite tape amical dans le dos de celui-ci, il vient souvent ici faire le jardin et le bricolage contre quelques billets.

    Le dénommé Alexandre passa une main dans ses cheveux comme s’il était gêné que l’on puisse parler de lui à la troisième personne. Je le comprenais, moi ça ne m’aurait pas plu.

    - Alexandre, je te présente Alice ma petite nièce, la deuxième fille d’Isabelle….

    - Enchanté, dit ce dernier en me regardant dans les yeux, tu peux m’appeler Alex.

    - Euh...ouais, moi aussi, je répondis comme une gourde, enfin je veux dire, je suis enchantée de te rencontrer...mais...euh...tu ne dois pas m’appeler Alex, évidemment !, me rattrapais lamentablement, Enfin, tu m’as comprise...

    Cassie arqua un sourcil et je sentis le rire monter dans sa gorge. Heureusement ma mère toujours aussi fleurette ouvrit la porte et salua les deux garçons en prétextant que “nous n’aurions pas le temps de tout voir si nous restions planté là”. En même temps trois maisons et une église, ça n’allait pas nous prendre trois plombes !

    En passant à côté du fameux Alex, celui-ci me souffla un “à bientôt” à l’oreille. Étrangement cette simple phrase eut pour effet comme une décharge électrique qui parcourut toute ma peau. Contrairement à ce que vous auriez pu penser, celle-ci ne fut pas très agréable. C’était un sentiment étrange qui me traversait, comme si mon esprit lui-même avait senti le danger. J’avais un mouvais pressentiment. Et alors que je restais planté sur le perron telle une véritable potiche incapable de réfléchir avec un million de mots dans le désordre dans sa tête, la porte de la demeure se referma dans mon dos, telle une vieille porte de prison.

    - Tu viens, Alice ?, hurla ma mère depuis la voiture.

    Je levai les yeux aux ciels et rejoignis à contre coeur ma mère et ma soeur. Le fait de quitter des yeux le manoir de l’oncle Sam me fit comme une sorte de délivrance dans le creux de mon ventre. Toute l’anxiété de la veille s’évanouit en même temps que le toit du bâtiment dans les hauts arbres. Le chemin jusqu’au centre du village fut plus long que je ne le pensais. Maman voulut s’arrêter toutes les deux minutes au bord de la route pour prendre des photos des marais. Au bout du troisième arrêt j’avais tout simplement envie de hurler que ça n’était que de l’eau verte et pâteuse. Mais j’imaginais sans mal qu’elle l’aurait mal pris. Alors je me suis tu. Enfin, après un quart d’heure de trajet - ce qui aurait du être cinq minutes - nous découvrîmes, moi et Cassie, le village de Folaincourt…

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    Merci !


    2 commentaires
  • J'ai écrit le deuxième passage de notre projet (pour lire le premier, ça se passe ici !) avec énormément de plaisir. Ca faisait assez longtemps que je n'avais rien écrit, puisqu'avant je prenais l'écriture très à coeur, mais avec le lycée, les devoirs, etc... ça devenait plus compliqué. Ce projet m'a permis de me recentrer sur l'écriture et, malgré que mon imagination soit rouillée au début, la machine est repartie très vite ! Donc j''espère que ce passage (un peu long) vous plaira. 

    N'oubliez pas de voter au sondage de Mademoiselle M (qui est disponible également sur son blog, ici) afin de continuer l'histoire. On compte sur vous !

    Mais sans plus attendre, voilà la suite que j'ai écrite: 

     

    La première chose que j’aperçus en ouvrant la porte, ce ne fut ni les toiles d’araignée qui s’étendaient sur les angles des murs jusqu’au plafond – Oncle Sam devait avoir un sérieux problème avec le ménage – ni le lit immense qui prenait la moitié de la pièce. Non, en fait mon regard fut directement attiré vers une peinture accrochée au mur, qui me faisait face. La toile était encadrée par un arceau doré et stylisé qui, à vue de nez, devait être extrêmement vieux – les dorures s’étiolaient à moitié. Une jeune fille était représentée dans un jardin, en hiver ; elle portait une robe longue, de celles qu’on ne voit que dans les films plutôt anciens. Ce qui me frappa, ce fut le contraste entre le noir de sa tenue et la blancheur diaphane de sa peau. Ses cheveux bruns étaient relevés en un chignon décoiffé.

           

    Tout était normal, me direz-vous. Pourtant non. Je ne puis m’empêcher de pousser un cri et de faire un pas en arrière. C’était moi. La peinture, le tableau, la fille. Le modèle peint était exactement ma propre représentation. Pas besoin d’être devin pour le reconnaître : cheveux sombres, nez en trompette, peau pâle, joues perpétuellement rouges, yeux dorés, silhouette frêle. On ne pouvait pas passer à côté.           

     

             Je ne comprenais plus rien. Pourquoi mon oncle avait-il une peinture de moi – dans une tenue datant de l’ancien temps – dans l’une de ses chambres ? C’était totalement absurde. Je n’avais pas vu Oncle Sam depuis plusieurs années, et la peinture me représentait exactement comme je l’étais aujourd’hui.

              Je jetai ma valise sur le lit et me mis à fouiller dans les tiroirs de la commode. Il me fallait une explication ! Je tombai sur plusieurs cadres recouverts de poussière. Dessus, des dessins en noir et blanc me représentant, assise sur un tabouret, un petit chien à mes pieds, ou bien en train d’esquisser une pirouette dans une grande salle. Je portais toujours une vieille robe très habillée – pas du tout adaptée à ma morphologie et à mon âge, soit-dit en passant – et un collier brillant. C’était moi, Alice, aucun doute là-dessus. Je reconnaîtrais mon regard entre mille.

              Je me précipitai hors de la chambre, mal à l’aise. Il fallait que je demande une explication à mon oncle. Je traversai le couloir sombre et frappai à la première porte que j’aperçus.

              -Entre, couina la voix de Cassie.

             Elle était en train de ranger sa valise, toute ébouriffée, le corps penché dans l’armoire. En m’apercevant, elle ajusta ses cheveux et sourit.

             -Alors, elle est chouette la maison, tu ne trouves pas ?

             Je grimaçai, encore troublée par les peintures et les dessins trouvés dans la chambre.

             -Il faut que je te montre quelque chose d’incroyable. Viens.

               -Je suis occupée, là, marmonna-t-elle avec un grand geste de la main. Je range mes affaires. Tu devrais faire de même ! 

            Ma sœur avait le don de m’énerver. En public et face aux parents, elle faisait toujours mine d’être parfaite, gentille, fine d’esprit. Mais lorsqu’elle était avec moi, elle passait son temps à me donner des ordres et à me cracher son mépris au visage.

             -Viens voir, s’il te plaît, insistai-je. Y’a quelque chose qui cloche

         Cassie poussa un soupir à s’en fendre le cœur, posa la robe qu’elle était en train de dépoussiérer, puis se leva.

            -J’espère pour toi que ça vaut le coup. J’ai pas que ça à faire, moi.

          Pauvre fille. J’essayai de contenir la rage qui grimpait en moi, esquissai un sourire forcé puis l’entraînai dans ma chambre. Je la plaçai face au tableau et la laissai voir par elle-même l’étrange coïncidence.

           Je vis Cassie froncer les sourcils puis, affichant un air dédaigneux, elle se tourna vers moi.

           -D’accord. C’est une peinture. Et alors ? Qu’est-ce que je suis censée te dire ?

            Je pointai du doigt le visage du modèle – mon visage !

            -Les cheveux, la peau, le corps. Tu ne reconnais pas ?

            Froncement de sourcils, réflexion intense. Puis le visage de ma sœur s’éclaira et elle laissa échapper un gloussement tout à faire désagréable.

            -J’y crois pas ! C’est TOI ! C’est toi, avec une robe ridicule, dans un jardin ridicule, avec une coiffure ridicule.

            Donc, je n’étais pas folle. Même Cassie, première de la classe puis le CP, véritable pointure dans son domaine, admettait que quelqu’un m’avait représentée sur ce tableau. Ça me rassurait, dans un certain sens, mais maintenant le mystère était entier. Et je comptais bien découvrir pourquoi mon visage se retrouvait copié à l’identique sur un tableau datant de plusieurs dizaines d’années.

          Ce soir-là, Oncle Sam organisa un repas pour réunir toute la famille. Maman et Cassie se mirent aux fourneaux pendant que je mettais la table, aidée de Willy. J’en profitai pour visiter toute la maison mais, mis à part les couches de poussière, les livres étranges et les chandeliers cassés, rien de bien extravagant. C’était juste une vieille maison dans une vieille ville, et voilà tout.

         Je comptais aborder le sujet des peintures le soir, à table. Ainsi j’aurais l’avis de tout le monde et le soutien de Cassie – enfin ça, ce n’était pas certain, étant donné le mépris qu’elle m’afficha pendant le début de la soirée. J’avais de plus en plus de mal à m’entendre avec elle, mais ça je n’y pouvais rien.

         Le repas fut joyeux, et chacun mit de sa bonne humeur pour réchauffer l’atmosphère. Maman et Oncle Sam racontèrent des souvenirs d’enfance ; Cassie, Willy et moi eûmes droit à un questionnaire poussé sur nos études, nos fréquentations (« Alors Alice, tu as un petit copain ? Je suis sûr que si. Comment il s’appelle ? Tu ne veux pas me dire ? »). Rien de bien méchant en somme, j’avais l’habitude. Comment expliquer simplement : j’étais en seconde, une élève très moyenne, banale, pas spécialement douée dans un domaine en particulier. J’avais une poignée d’amis sur lesquelles je pouvais compter mais, non, pas de petit copain. Je ne vais pas faire le coup « Non, je ne m’intéresse pas aux garçons, moi ». Pour être honnête, ce sont les garçons qui ne s’intéressent pas à moi. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : je ne suis pas moche, loin de là. Mais je suis loin d’être une beauté comme Cassie – en fait, je suis extraordinairement banale. Je n’ai jamais rien eu d’exceptionnel.

         Oncle Sam paraissait vraiment heureux de nous retrouver. Il parlait fort, souriait sans cesse, faisait de grands gestes avec ses bras, et maman le couvait du regard. La soirée était vraiment parfaite. C’était la première fois depuis des mois entiers que je ne me disputais pas avec Willy, Cassie, ou même mes parents, à table. Ça faisait un bien fou !

         C’est à cet instant que je décidai d’éclaircir le « mystère » de la chambre 6. Je pris la parole sans cérémonie :

           -Au fait, qui est cette fille sur les peintures, dans ma chambre ?

         Bon d’accord, je vous l’accorde, je suis du genre direct. Il y avait d’autres moyens pour demander ça. Je n’avais pas vraiment réfléchi… Je regrettai aussitôt d’avoir posé la question lorsque je vis mon oncle devenir blême.

            -Quoi ? s’étouffa-t-il.

            Je répétai ma question, avec moins d’assurance cette fois.

            -Qu’est-ce que c’est que cette histoire, Alice ? demanda papa.

           J’entendis Cassie ricaner, sur ma gauche, et malgré moi je me mis à rougir. Heureusement Oncle Sam prit la parole, devant l’air interrogateur de mes parents :

            -Alice parle des tableaux accrochés dans sa chambre. Je… enfin, ça m’étais sorti de l’esprit.

             Il me regarda d’un air assez gêné.

           -Ce n’est pas toi, sur la peinture. Je pense que tu t’en doutes.

           Euh. Comment pourrais-je deviner ? Il était normal que je me pose des questions.

           -Il s’agit de Maria. Ma nièce. Tu es son portrait craché… Je… C’est une vieille histoire, je ne veux pas vous embêter avec ça.

           Il se leva avec son assiette.

         -Eh bien, il se fait tard ! Il est temps de débarrasser. Willy, tu voudrais bien me filer un coup de main ?

         Tout joyeux, mon petit frère bondit de sa chaise pour aller l’aider. Le brouhaha reprit. Moi, je n’étais pas satisfaite. Je n’avais pas eu les réponses à mes questions. Au contraire, tout était bien plus flou, maintenant.

        Je rattrapai Oncle Sam à la fin du repas. Il fuyait mon regard. Je sentais sa gêne à l’autre bout de la pièce.

         -Tu veux bien me parler de Maria ? osais-je d’une petite voix.

          Son regard se fit lointain.

         -Alice, il est tard… je suis fatigué. Maria a disparu lorsqu’elle avait ton âge, mais c’était il y a fort, fort longtemps. C’est une affaire compliquée. Une affaire d’adultes. Tu ne peux pas comprendre.

         Evidemment, j’étais bien trop stupide, trop jeune et trop naïve pour suivre une conversation. Ah, comme je détestais lorsque les adultes me prenaient de haut ! C’était insupportable.

          J’espérais bien que mon oncle se doute que je n’allais pas en rester là. Ce n’était pas mon genre. Tant que je n’apprendrais pas de renseignements sur cette Maria, difficile de m’éloigner de son chemin.                

          Tout le monde se mit au lit. On était tous épuisés par le voyage. Cassie me lança un clin d’œil avant d’aller dormir – brusque changement de comportement – comme si elle était ma complice ou quelque chose comme ça. Ça ne me plaisait pas du tout.

        Ma chambre était trop grande, trop angoissante. Je mis glissai sous la couette mais y ressortit quelques minutes après. Des bribes de voix se faisaient entendre dans le couloir. Sur la pointe des pieds, je marchai jusqu’à la porte et y collai mon oreille. Je retins au maximum ma respiration.

           -… pas qu’elle sache….

           -… tais-toi. C’est…. Oui… une vieille histoire. … lui as dit ?

           -… que non ! Tu me… qui ? J’ai essayé de… d’accord. Oui. Très bien. Bonne nuit, Sam.

            Mes poumons explosèrent dans ma poitrine. 


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  • Aujourd'hui est un grand jour ! Il s'agit du lancement du projet dont je vous ai vaguement parlé il y a quelques jours... 

    Je le mène avec Mademoiselle M (son blog ici), nous travaillons dessus depuis plusieurs semaines et il nous tardait de vous présenter tout ça...

    C'est très simple : il s'agit d'un projet d'écriture participatif, donc Mademoiselle M et moi-même allons écrire un épisode d'une histoire toutes les deux semaines (chacune notre tour), et nous le posterons sur nos blogs. A la fin de chaque passage, vous trouverez un sondage et c'est là que vous intervenez : vous devrez voter pour la suite de votre choix ! Nous nous adapterons à vos exigences pour écrire la suite, à chaque fois. Vous pouvez évidemment nous faire part de vos suggestions, commentaires, idées ou encouragements dans les commentaires ! 

     

      

     

    Sans plus tarder, voici le premier passage du projet, écrit par Mademoiselle M ! En espérant qu'il vous plaira.

     

       Des champs, des vaches et encore des champs. C'était plus que déprimant. Nous avions quitter l'autoroute depuis plus d'une heure et toujours pas un seul signe de vie humaine dans les environs de cette interminable route qui me menait en enfer. Ma mère assise devant moi se retourna et me gratifia d'un regard agacé (le cinquième depuis que nous avions quitter Paris, si ma mémoire était bonne).

       - Arrêtes de soupirer, Alice ! ça n'est tout de même pas la mort. Nous allons juste passer un séjour chez oncle sam. Ce changement d'air te fera le plus grand bien...

        Une interminable semaine dans un bled pourri qui ne figurait même pas sur la carte (et ça nétait pas faute d'avoir fouiller Google map de fonte en comble depuis plus d'un mois), dans la vieille baraque d'un oncle que je n'avais jamais vu de ma vie. Et dire que j'aurais pu passer mes vacances avec ma meilleure amie, Clarisse à nous goinfrer de marshmallow en papotant de tout et de rien devant de veilles séries policières, à parler garçons et à nous moquer des filles botoxées en première page des magasines. Au lieu de ça, mes parents avait insisté pour que nous nous rendions à Folaincourt, village inconnu de tous et perdu dans l'Est de la France, à plus de cinq heures de route de Paris. Et depuis cinq heures, je maudissais cet oncle de me privée de mes vacances et me lamentais sur ma vie misérablement ennuyeuse. Mais à priori j'étais la seule personne de la famille à redouter ces vacances. Assis à côté de moi, mon petit frère de huit ans, Willy,  un petit geek aux cheveux toujours en bataille-malgré les efforts de ma mère pour les dompter-, ne semblait pas gêné de passer un week-end dans un trou perdu. A vrai dire, la seule peur qui l'habitais était qu'il ne puisse y avoir de wifi. Et à sa droite, ma grande (et insupportable) soeur, Cassie- de son vrai nom Cassandre- une grande perche de 17 ans, qui en plus d'être magnifique (ça me faisait très mal de l'avouer) était sans aucun doute le petit génie de la famille. Son futur était déjà tout tracé, elle ferait de grandes études de droits et deviendrait une grande avocate renommé dans toute la capitale. Autant dire que mes parents n'était pas peu fière de leur grande fille. Et puis il y avait moi, adolescente de quinze ans, grincheuse, et moyenne en tout. C'était la vérité, je n'avais jamais été très intelligente, ou très nul, j'avais toujours été dans la moyenne dans tout ce que j'avais pu entreprendre. Et quelque part ça m'allait très bien...
       - Regardez les enfants, on arrive !, lança papa alors que la voiture passait un vieux panneaux tout miteux où était inscrit en grosse lettre noir à peine perceptible, effacé avec le temps, FOLAINCOURT.
      Ma sœur ferma d'un geste sec son livre, mon frère éteignit sa PSP, surexcité, et moi...j'enfonçais mes écouteurs dans mes oreilles en me calant un peu plus profondément dans le siège. Génial, on arrive !, je pensais non sans ironie tout en augmentant le son dans mes oreilles. Mes vacances mortelles allait enfin commencer...Je ne croyais pas si bien dire.
     
       J'hésitais entre éclater de rire et pleurer.
      - C'est une blague ?, s'écria Cassie alors que j'ouvrai moi-même de gros yeux devant la demeure de l'oncle Sam.
       C'était exactement la question que je me posais. 
       - Moi, quand on me parlait d'une "maison de campagne", je m'attendais à quelque chose de rustique, certes, mais pas à...ça !, s'écria-t-elle en affichant un visage meurtri.
       - On dirait une maison hanté, dit mon petit frère en sortant à son tour de la voiture. 
      Il n'avait pas tort, la façade était noir et certaines planches de l'escalier pointaient dangereusement vers le ciel, tout comme l'immense toit qui surplombait la bâtisse. Des feuilles pourries s'agglutinaient devant la porte d'entré et je n'osais imaginer l'état du jardin à l'arrière. Je ne pensais pas y trouver de beaux géraniums en fleurs comme nous l'avait décrit maman.
       - Vous venez nous aider à décharger le coffre, les enfants !, nous interpella mon père.
       Mais je me permis d'avancer de quelques pas dans la propriété. Comment un vieil homme pouvait-il vivre dans un tel endroit ? A la vue d'un endroit aussi lugubre je ne pouvais m'empêcher de frissonner. Et alors que je jouais avec la bague autour de mon doigt, celle-ci me glissa d'entre les mains. Pestant, je me baissais pour la ramasser. Mais alors que je me relevais, quelque chose au loin attira mon attention. Il faisait assez sombre, mais il me semblait que quelque chose bougeait dans les immenses bois qui entourait la maison de l'oncle Sam. Plus je m'approchais, poussé par la curiosité, plus je m'éloignais dangereusement de la voiture où ma famille déchargeait nos bagages. Et puis ce fut comme dans un cauchemar. Deux gros yeux, m'observaient. J'aurais voulu hurler mais aucun son ne sortit de ma gorge. Alors je tournais les talons et me mis à courir vers mes parents comme je ne l'avais jamais fait auparavant. 
       - Alice, tu as fini de jouer ?, grogna ma mère en me mettant un sac dans les bras.
       - Maman, j'ai vu quelqu'un..., dis-je essoufflé en jetant des regards inquiets pardessus mon épaule.
       - On verra ça plus tard, chérie, viens plutôt saluer oncle Sam, dit-elle en gravissant les marches jusqu'au perron, tu verras tu vas adorer cet endroit, demain je te ferais visiter le village, il y a une petite église, de beaux marais et...Oh ! Je vais te montrer mon ancienne chambre !, s'exclama-t-elle.
       Ma mère avait l'air tellement heureuse, que je n'eus pas le cœur à l’embêter avec mon esprit qui s'amusait à me jouer des tours. Alors je la suivis et pénétrais dans un étrange salon, où était disposé un peu partout des tas de vieilles photos en noir et blanc et de grands canapés verts, mais ce qui attira le plus mon attention c'était l'immense horloge à pieds qui était posé juste devant la porte d'entrée. Tic, toc, tic, toc. Son bruit résonnait déjà dans mes oreilles. Et puis je m'approchais, et découvris mon père serrant la main d'un homme au dos recourbé qui me faisait dos. Encouragé par les regards appuyés de ma mère, je m'approchais.
       - Bonjour, Oncle Sam.
    L'homme passa d'abord sa tête par-dessus son épaule, puis, se retourna complètement à l'aide de sa canne et m'offrit un étrange sourire.
       - Tu dois être Alice ?
       J'hochais la tête et fis de mon mieux pour lui rendre son sourire. Il n'avait pas l'air bien méchant, et son sourire trahissait la joie qu'il avait de nous accueillir chez lui. 
       - Enchanté de te rencontrer, jeune Alice. Tu sais que tu ressembles beaucoup à ma nièce ?, me demanda-t-il après quelques secondes de silence, mais elle n'est plus ici aujourd'hui. Elle est parti à l'étranger il y a bien longtemps. Elle était si gentille et douce, dit-il un flot de tristesse dans la voix. 
       - Comment s'appelait-elle ta nièce ?, osais-je.
       - Elle se nommait Maria. Mais elle fait partie du passé. Et je ne pense pas qu'elle reviendra...
       - Tiens, je n'ai jamais entendu parler d'une Maria dans la famille !, s'étonna ma mère alors qu'elle posait sur le parquet les tous derniers sacs. 
       Oncle Sam balaya l'air d'un geste de la main.
       - Oh, une vieille cousine germaine que tu ne dois pas connaitre, répondit-il vaguement, Si tu allais choisir ta chambre, Alice ? Cassie et Willy sont déjà en haut mais si tu veux mon avis, tu devrais prendre la chambre 6...Tu y seras à ton aise, et même si elle est tout au bout du couloir, on a une belle vue des jardins.
       Je gravis les marches de l'escalier deux par deux et grimaçais à chaque grincement du bois sous mes pieds. A l'étage je découvris un immense couloir, et de deux chambres me provenaient la voix de ma sœur qui sifflotait gaiement (oublier la fureur à la vue de ce manoir de l'horreur) qui rangeait déjà ses livres en ordre sur sa table de chevet et mon frère qui jouait déjà avec sa DS, affalé sur son lit. Je traversais donc le grand corridor à la recherche de cette fameuse chambre 6.    Je tournai ma tête à droite, puis à gauche, avant de me rendre compte que dans ce labyrinthe, la chambre 6 était la plus recluse, toute au fond. Enfin je l'atteignis, posai ma main sur la poignée, la tournai et...mes yeux s'arrondirent comme des soucoupes. Je lâchai un hochet de surprise :
       - C'est pas vrai...

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