• Voici aujourd'hui le 9e passage du projet d'écriture organisé en collaboration avec Mademoiselle M du blog Mes petites escapades

    episode9
     
    Le principe reste le même : deux fois par mois, l'une d'entre nous écrit la suite d'une petite histoire que nous inventons au fur et à mesure. A vous de voter à la fin de chaque passage pour décider de la suite ! 

    Episode 1 - Episode 2 - Episode 3 - Episode 4 - Episode 5 - Episode 6 - Episode 7 - Episode 8

    Cette semaine, c'est Mademoiselle M qui a écrit le neuvième passage. Sans plus attendre, bonne lecture, et n'oubliez pas de voter à la fin de cet article !

      

    • Lorsque j’ai appris que nous devions passer nos deux semaines de vacances à Folaincourt j’ai fais des recherches. Tu me connais, Ali, tu sais que j’ai besoins de toujours tout anticiper, c’est dans ma nature, m’expliqua ma grande soeur alors que j’étais assise au bord de son lit d’hopital, mais j’avoue que je trouvais ces vacances étranges. Tu sais que papa passait son temps à nous casser les oreilles avec son rêve de voyager en Croatie ?! C’était l’opportunité. Alors pourquoi passer deux semaines à Folaincourt ?! Il n’a même pas essayer de contredire maman…

    • Où veux-tu en venir ? je l’arrête.

    Elle inspira, expira doucement et son regard se perdit. Pourtant elle reprit la parole.

    • Tu n’as pas remarqué comment maman est étrange depuis que nous sommes arrivées ?

    • Elle est heureuse.

    • Non, elle est nerveuse, répondit Cassie avec exaspération, tu ne vois donc rien Ali ? Il se passe des choses dans ce village. Je...je ne sais pas pourquoi mais j’ai un mauvais pressentiment. Je sais, tu dois me trouver folle, non ?

    Je tatais le drap blanc à la recherche de sa main.

    • Je croyais que je l’étais aussi, répondis-je.

    Son visage s’illumina soudain.

    • Tu as raison...et j’ai l’impression que Maria…

    • Tu veux parler de la nièce de Sam ? Celle qui te ressemble comme deux gouttes deux ?!, s’exclama Cassie en tentant de se redresser, mais cet effort ne fit que lui arracher une grimace.

    Je lui fis signe de baisser la voix.

    • Oui. Mais nous en reparlerons plus tard. J’ai d’abord besoins de savoir ce qu’il t’est arrivé. C’est très important Cassie.

    Son visage devint soudain plus pale.

    • Je ne sais ce qu’il m’est arrivé, Alice, tu dois me croire.

    • Pourquoi es-tu montée en haut de ce clocher ?

    Elle haussa les épaules. Elle commençait vraiment à m’agacer.

    • Tu voudrais me faire croire que tu ne sais rien, c’est ça ? Moi, je crois surtout que tu as peur et que tu ne veux rien me dire !, dis-je en haussant la voix.

    • Je n’ai pas peur.

    • Alors, parle-moi !

    • Ecoute Alice, je suis fatiguée alors je vais aller droit au but. Lorsque je suis sortie de ce bar l’autre jour, j’ai trouvé quelque chose dans ma poche. C’était un bout de papier froissé et….et...

    • Et ?, insistais-je.

    • Il y avait quelque chose d’inscrit dessus. Une adresse pour être plus précise.

    • Laisse-moi deviner. Le clocher.

    Elle hocha la tête.

    • Cassie, tu es censée être la plus intelligente de nous deux. Comment peux-tu faire quelque chose d’aussi stupide ?! Tu ne sais même pas qui a écris ce message, ni qui l’a mis dans ta poche. Et de toute évidence c’était un piège.

    • Je sais, Alice, et je regrette tellement.

    • Donc tu as vu qui t’as poussé ?

    • J’ai cru apercevoir...

    Je posai ma main sur la bouche de ma soeur et lui fi signe de se taire.

    • Qu’est-ce qui te prend ?!, demanda-t-elle étonné en se dégageant.

    • Je...je ne sais pas. J’ai eu comme un frisson. Un mauvais pressentiment.

    Je me levais sans bruit et observai la porte de la chambre de Cassie.

    • Alice, qu’est-ce que tu fais ?

    Je lui fis signe de se taire. J’approchai ma main de la poignée et l’ouvrit d’un coup. Un cri s’échappa de ma gorge. Là, bien droite, se tenait une grande femme en tenue d’infirmière, les cheveux coiffé en un chignon strict, la peau verdatre et les rides pendantes qui n’arrangeaient pas l’air sadique que lui offrait la teinte de ses yeux noirs charbons.

    • C’est l’heure de la piqûre, récita-t-elle en me fixant.

    Un plateau métallique dans la main, elle posa un pied dans la chambre.

    • Les visites ne sont plus permises, dit-elle d’une voix sèche à mon encontre.

    Encore tremblante, j’enfilai ma veste.

    • Je ferais bien d’y aller alors, dis-je à l’intention de Cassie en ne pouvant détacher mes yeux de la seringue entre les mains de cette monstrueuse infirmière, je reviendrais te voir Cassie.

    En sortant dans le couloir, je passais une main sur mon front brûlant. Pourquoi cette infirmière écoutait-elle à notre porte ? A ce moment précis, je me sentais tout, sauf en sécurité. Il fallait que je quitte cet endroit. Pourtant, je n’étais pas rassuré de savoir Cassie, ici, toute seule.

    Cette fois-ci, je ne pris pas l’ascenseur mais les escaliers. Arrivée, à l’accueil, je sortis mon portable de ma poche. Et tapais à la vitesse de l’éclair un message pour Oncle Sam.

    Vu Cassie. Suis fatiguée, viens me chercher.

    Le message aussitôt envoyé, je me laissai glisser le long d’un mur et m’asseyais sur le carrelage froid. C’est alors que je repensais à ma discussion avec Cassie. ça ne ressemblait pourtant pas à ma soeur d’être aussi imprudente. Pour faire passer le temps, je sorti le journal de Maria que j’étais retourné chercher avant me rendre à l'hôpital. Je me félicitais de l’avoir fait. Alors, je l’ouvris et tout en caressant la reliure abîmé du petit journal, je me replongeais dans les pensées de Maria.

     

    1 Mai 1985

    Je n’arrive plus à dormir. Père est de plus en plus violent. Sam ne tente même plus de l’arrêter. Et dans une semaine je fêterais mon anniversaire.

    Ma vie me glisse entre les doigts petit à petit, je ne contrôle plus rien. Ma vie est un assemblage d’évènements insensés et je ne sais plus quoi faire. J’ai tellement besoins d’aide. De leur aide. Eux, ceux qui me détestent et évite de partager le même trottoir que le mien. Ils ne comprennent pas. Je ne suis pas méchante. Je ne suis pas un monstre. Je suis juste un petit peu différente. Mais j’ai besoin d’aide…

     

    3 Mai 1985

    Romain est le seul en qui je peux avoir confiance. Il me comprend. Il ne me prend pas pour une folle. Je me souviens de notre première rencontre. Je jouais avec les chiens de chasse de mon père dans les Marais. Les chiens étaient complètement fou ce jour-là et ils s’amusaient à me sauter dessus. Ils n’étaient pas agressif, non pas le moins du monde, juste un petit peu trop joueur. Je ne sais pas comment il a fait mais alors que j’étais à deux doigts de trébucher dans une mare, j’ai senti sa main puissante me maintenir dans le dos. Et j’ai fait la connaissance de Romain, mon Romain...

    Fatiguée, je rangeais soigneusement le journal dans la poche de ma veste. Les minutes s’écoulaient lentement. Et soudain, alors que j’avais la tête posée sur mes genoux, je remarquai une paire de bottine noire s’arrêter devant moi. Je relevai la tête.

    • Alice ? Mais qu’est-ce que tu fais ici, toute seule et à une heure pareil ?, s’exclama Caleb.

    Je me relevais en un temps record.

    • Salut Caleb. C’est ma soeur. Je suis venue la voir.

    • Oh. Oui, j’aurais du m’en douter.

    Tous deux gêné, je lui offris un petit sourire. Une cruche n’aurait pas fait mieux.

    • Hum. Ta soeur va bien ?

    • Heureusement oui, elle va vite se rétablir.

    • Elle a beaucoup de chance. Dis-lui de faire attention la prochaine fois.

    • Comment ça ?, dis-je en fronçant légèrement les sourcils.

    • Oh. Eh bien, fouiner un peu partout, répondit-il d’une voix calme en me fixant de ses yeux clairs, elle n’aurait pas du monter en haut du clocher voilà tout.  

    J’étais prête à rétorquer lorsqu’un homme en veston noir posa une main sur l’épaule de Caleb. Je perdis contenance en reconnaissant l’homme de l’ascenseur.

    • Alice, je te présente mon père, s’exclama le jeune homme un grand sourire au visage, papa, Alice, la nièce de Sam.

    L’homme leva ses yeux vers moi et ne fit paraitre aucune expression. Je ne savais même pas s’il m’avait reconnu.

    • Ravi de te rencontrer, Alice, dit-il en tendant sa main vers moi, que je serrais après quelques secondes d’hésitation, je me nomme Romain Delavidrière.

    A ce moment précis, je fis de mon possible pour ne pas m’évanouir tant mon coeur s’agitait dans ma poitrine. Romain, Romain, Romain...Ce nom résonnait en boucle dans mes oreilles. ça n’était qu’une coincidence. Il n’y avait pas qu’un seul Romain sur cette terre. Je me faisais des films. ça ne pouvait pas être LE Romain.

    • Nous sommes venus rendre visite à ma mère, m’expliqua Caleb, elle a fait une chute un jour, elle a dévalé deux étages dans un escalier. Elle est dans le coma depuis six mois…

    • C’est horrible. Je suis désolée, dis-je sincèrement.

    • N’embête pas cette jeune fille avec nos problèmes, dis Romain Delavidrière a son fils.

    • Il ne m’embête pas...Oh ! Voilà mon oncle, m’exclamais-je en apercevant la voiture de mon oncle se garer devant les portes automatiques de l'hôpital, A bientôt !

    Mais d’une poigne intense, Caleb me retient.

    • Il y a une petite fête organisé par l’un des gars du village, ça te dirait de venir ?

    • Oh. euh. Je ne connais personne.

    • Personne à part moi. Je te présenterais. Je passe te prendre à 19h.

    Je n’avais pas tellement le choix. Je lui souris, il avait gagné, lui et son sourire.

    • Je dois vraiment y aller.

    J’allais me mettre à courir pour rejoindre la voiture de Sam lorsque que je fus arrêter par la voix du père de Romain.

    • Vous avez fait tomber quelque chose, Alice.

    Je me retournais lentement, tâtant la poche de ma veste, de grosses gouttes de sueurs coulant le long de mon front me rendant compte de ce qu’il s’agissait. Dans mon dos, Romain Delavidrière tenait entre ses mains le journal de Maria. Il semblait hypnotisé par l’objet entre ses doigts, comme s’il avait vu un fantôme. Ou bien reconnut quelque chose...

    • Merci, soufflais-je sèchement en le lui arrachant des mains.

    Je me mis alors à courir pour mettre le plus de distance possible entre cet hôpital et moi. Dehors, l’air glacial s’écrasa contre mon visage et je courus jusqu’au pickup de Sam.

    • Comment ça c’est passé ?, me demanda Sam alors que j’accrochais ma ceinture.

    • Pas exactement comme prévu…, fut la seule chose que je réussis à lui répondre.


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  • Aujourd'hui, Mademoiselle M et moi-même sommes de retour pour vous présenter l'épisode 8 du projet d'écriture ! 

    Je vous rappelle le principe, même si vous connaissez : chacune notre tour, nous écrivons un petit passage d'une histoire à suivre, que nous inventons au fur et à mesure. A l'issue de chaque épisode, à vous de voter pour la suite ! 

    Pour les retardataires, ou tout simplement si vous avez envie de tout relire (ce n'est pas si long que ça, au fond), voici les liens qui vous mèneront vers les épisodes précédents. J'attends vos commentaires avec impatience, n'hésitez pas !

    Episode 1 - Episode 2 - Episode 3 - Episode 4Episode 5 - Episode 6 - Episode 7

    Cette semaine, c'est moi qui ai écrit le 8ème passage de notre histoire. Sans plus attendre, la voici ! N'oubliez pas de voter au sondage, à la fin. Bonne lecture ! 

    episode8
     
            J’accueillis les pizzas d’Oncle Sam avec un grand appétit mêlé de soulagement. Cassie allait s’en sortir, tout irait bien. Evidemment les nombreuses questions que je me posais me trottaient dans la tête, mais c’était habituel avec moi ; j’étais le genre de fille à réfléchir sans interruption pendant des heures, jusqu’à me faire éclater la cervelle – notons que c’est pour cette raison que mes Doliprane ne quittaient jamais ma poche.

    Après le repas, je décidai de rendre visite à Cassie. Maman était épuisée, très mal en point, et partit se coucher en grommelant un « bonne nuit » expéditif à toute la tablée. Papa fronça les sourcils.

    -Je vais la voir. Alice chérie, demande à ton oncle de t’emmener voir Cassie à l’hôpital. Je vais rester avec ta mère.

    Oncle Sam était parti dans la cuisine pour vider les assiettes. Mon petit frère se mit à s’agiter, comme d’habitude :

    -Moi aussi je viens ! Je veux voir Cass’ ! Je viens ! Je viens !

    Mon regard se fit plus dur que ma pensée. Il se tut, prêt à dégainer une réplique cinglante telle que T’es pas ma mère, je viens si je veux. Ah, le bonheur d’avoir un frère. Mais Oncle Sam entra dans la pièce, tout sourire.

    -Allez les jeunes, en voiture ! Alice, j’ai cru savoir que tu voulais aller rendre visite à ta sœur, je t’emmène ma puce ! Willy, on va manger une glace tous les deux, tu es d’accord ?

    Evidemment qu’il l’était. Oncle Sam avait le don pour plaire à tout le monde et à contenter chacun.

    Le trajet jusqu’à Folaincourt se fit dans le silence, un silence lourd et pesant. J’essayais parfois de le briser, avec un petit raclement de gorge, ou bien en tentant de placer une phrase, mais la seule chose que j’avais réellement envie de dire était : Oncle Sam, que nous caches-tu ? Et bien sûr, je ne pouvais pas demander ça maintenant, alors que Willy était tranquillement assis sur la banquette arrière. Même s’il n’était pas là, je crois que je n’oserais même pas affronter le regard gris de mon oncle. Les secrets de famille, c’était toujours quelque chose de difficile à porter. Et ici, personne ne semblait vouloir crever l’abcès.

    Oncle Sam me déposa juste devant l’hôpital, et je dus me débrouiller toute seule. A l’accueil, une dame blonde m’indiqua poliment l’étage où se trouvait la chambre de Cassie et me demanda de ne pas excéder les quinze minutes réglementaires.

    Mes jambes étaient trop lourdes pour me porter jusqu’au troisième étage. J’empruntai l’ascenseur, que je retiens en appuyant frénétiquement sur le bouton lorsque d’un homme cinquantaine d’années se faufila entre les portes métalliques.

    -Merci, murmura-t-il en fuyant mon regard.

    Il était grand, et malgré son âge on voyait tout de suite qu’il avait été un bel homme dans sa jeunesse. Ses yeux bleus croisèrent les miens et il détourna presque immédiatement le regard, gêné. Mon cœur battait dans ma poitrine – son attitude était vraiment étrange.

    Puis un léger bip retentit et les portes coulissèrent dans un chuintement. L’homme passa à toute vitesse devant moi et se rua dans le couloir, visiblement pressé.

    Cassie se trouvait dans la chambre 16, celle au bout du couloir. Celle devant laquelle venait de s’arrêter l’homme de l’ascenseur.

    -Vous vous trompez de chambre, monsieur, intervins-je poliment.

    Il tourna la tête aussi vite qu’une bête traquée et devint aussi rouge que mon pull.

    -Excusez-moi, balbutia-t-il.

    Il fit demi-tour en trébuchant et disparut dans le couloir. Vraiment très, très bizarre.

    J’entrai dans la chambre. Cassie m’attendait sur le lit, coincée entre une énorme pile d’oreillers qui la faisait se tenir droite comme un piquet. Elle avait un hématome à la joue droite mais son regard s’illumina quand elle me vit. C’est la première fois qu’elle avait l’air si heureuse que je sois là.

    -Alice, murmura-t-elle en m’embrassant.

    Elle me raconta qu’elle souffrait beaucoup de la jambe, qui s’était brisée à cause de l’impact. Elle n’avait pas de traumatisme crânien, mais son bras droit était foulé. Elle s’en était bien sortie, visiblement, car les médecins avaient estimé d’une telle chute aurait pu la tuer. Cassie était une miraculée.

    Mais tout ça n’avait plus d’importance, désormais. Il fallait que je lui pose la question qui me brulait les lèvres depuis ma petite visite dans la tour d’où elle était tombée. Voyant son air sombre, Cassie fronça les sourcils.

    -Tu n’es pas tombée toute seule, n’est-ce pas ? soufflai-je à mi mots. Quelqu’un t’a poussée.

    Cassie resta interdite pendant trois longues secondes, puis se reprit.

    -Quoi ? Tu dis n’importe quoi. J’ai déjà tout expliqué aux infirmières et à maman. Je regardais le paysage, puis je suis tombée. C’est tout.

    J’avais le don de deviner quand Cassie mentait. Elle respirait légèrement plus fort, les commissures de ses lèvres s’élevaient et sa voix avait tendance à partir dans les aigus.

    -Tu mens. Quelqu’un t’a poussée, et je suis même sûre que tu sais qui c’est. Tu protèges la personne, et j’ignore pourquoi.

    Je bluffais, évidemment, mais ça Cassie n’était pas censée le savoir. Elle n’avait pas mon don de détecteur de mensonge ambulant.

    -Alice, tais-toi, tu sais bien que…

    -Arrête c’est important ! Dis-moi ce qui s’est passé, j’ai besoin de savoir.

    Cassie baissa les yeux et me fit promettre de ne rien dire à nos parents. Détecteur de mensonge fonctionnel, décidément ! Je fis la promesse puis m’assis au bord du lit pour écouter son histoire. Et c’est là que je sus. 

     
     


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  • Aujourd'hui, voici le 7ème épisode (déjà !) du projet d'écriture que je mène depuis plusieurs semaines avec Mademoiselle M du blog Mes petites escapades.

    Le principe est toujours le même : toutes les deux semaines, l'une d'entre nous écrit la suite d'une histoire que nous inventons au fur et à mesure. Nous publions ensuite un sondage où vous pouvez voter pour votre suite favorie, ainsi vous participez à la construction de l'histoire !

    Si vous avez du retard dans les épisodes ou bien que vous voulez reprendre du début, voici quelques liens :

    Episode 1 - Episode 2 - Episode 3 - Episode 4 - Episode 5 - Episode 6

    Cette semaine, c'est Mademoiselle M qui prend la plume ! N'hésitez pas à voter au sondage et à laisser des commentaires, ça nous fait très plaisir à chaque fois. Evidemment, le passage est aussi disponible sur son blog.

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    De ma cachette, je ne vis que deux baskets noires traverser la chambre de mon oncle à grands pas. L'intrus semblait pressé. Si pressé, qu’il ne se rendit pas compte de ma présence. Le journal de Maria serré contre ma poitrine, je priai pour ne pas être découverte. L’inconnu se déplaçait rapidement et silencieusement. Une chose était sûre, ça n’était ni ma mère, ni mon oncle...

    C’est alors qu’une pensée effroyable me traversa l’esprit. Et si l’inconnu du clocher m’avait suivie jusqu’ici ? Mon coeur faisait d’immenses bonds dans ma poitrine tandis que de lourdes gouttesde sueurs descendaient le long de mon front. Mon inconnu cherchait quelque chose. J’entendai le battant de l’armoire s’ouvrir et se refermer, le coulissement des tiroirs qu’on ouvrait à la va-vite, le frémissement de feuilles qui se croisaient, le son des livres que l’on enlevait à la bibliothèque. Cela dura cinq minutes. Cinq longues minutes où je compris qu’il cherchait peut-être ce que je tenais entre les mains. Enfin, les baskets noires se dirigèrent vers la porte. Je me glissai en silence dans un coin plus étroit mais qui me permettait d’avoir une meilleure vue de la chambre. L’inconnu marqua une pause devant le seuil de la porte, puis la referma.

    J’avais vu son visage.  Je l’entendis descendre les escaliers. Je poussai un profond soupir de soulagement, avant de sortir de ma cachette.

    - Alex, chuchotai-je pour moi-même.

    Mais que faisait-il là, au juste ? Peut-être que mon oncle l’avait chargé de récupérer quelque chose pour lui ? Cette hypothèse était tout à fait plausible et me rassura un peu...

    Je passai l’après-midi seule au manoir, à regarder les gouttes de pluie par la fenêtre de ma chambre et surveiller du coin de l’oeil le journal de Maria que je n’osais plus ouvrir. Ma mère m’appela sur mon portable vers cinq heures. Elle m’expliqua que Cassie était miraculeusement réveillée après quelques heures de comas. Les médecins étaient tous choqué par la rapidité de la guérison de ma soeur. Mais elle avait tout de même un bras et une chambre dans le plâtre, ainsi qu’un petit choc à la tête. Elle ne sortirait donc pas le l'hôpital avant une ou deux semaines. Ma mère me prévient également qu’elle resterait avec Cassis pour la nuit mais que Papa, Sam et Willy rentreraient au manoir. Rassurée, j’éteignis mon portable.

    Trop curieuse, je m’allongeais sur mon lit, le journal de Maria entre les mains et l’ouvrit.

    - Il est temps de connaître ton histoire, Maria…

     

    Dimanche 25 Avril.

    Cette nuit, je me suis réveillée dans les Marais. Je ne sais pas ce qu’il m’arrive. J’ai fermé les yeux, j’étais dans mon lit, je les ai ouvert, j’étais allongé dans la terre, pieds nu et en robe de nuit. J’ai peur. Mon dieu, j’ai horriblement peur. Depuis que mère est morte je ne me contrôle plus. Tout le monde me regarde, chuchote sur moi. Je sais que je ne suis pas comme les autres. Matrone Abigail, me l’a dit. Elle essaye de m’aider, elle. Elle ne me prend pas pour un monstre. Elle a peut-être tord. Lorsque je m'énerve, le sol tremble sous mes pieds, quand j’entends des insultes sur moi, je sens la lame d’un couteau dans ma main...Mais Abigail me met en garde. Car d’après elle, la seule personne qui pourrait me nuire, c’est moi…


    27 Avril 1985.

    Romain m’a rejoint sous le grand sol hier soir alors que tout le monde dormait. J’ai dégusté ce moment magique. Mais quelques minutes ne suffisent pas. Je rêve parfois que nous puissions vivre pleinement notre amour. Mais c’est impossible.



    29 Avril 1985.

    Abigail me fait peur. Elle dit avoir vu mon avenir. Un avenir incertain d’après elle. Que dois-je faire ? Je n’ai personne à qui parler si ce n’est à Romain, qui commence à s’éloigner de moi. Il m’a jurer son amour. Alors pourquoi s’éloigner à présent ? Si sa famille y est pour quelque chose, je promets de me venger...Et ils le regretteront amèrement.


    Je feuilletais les pages et ne faisais même plus attention à l’heure qui tournait. Je sentais au-dessus de moi, le regard de Maria qui, depuis son tableau, m’observait.

    La vie de Maria était aussi incroyable qu'irréaliste. Pourtant après avoir lu quelques passages de son journal, je devins presque obsédée par cette jeune  femme qui avait un passé bien tumultueux. Mais une question restait en suspend, et tournait en rond dans ma tête : Maria était-elle toujours en vie ? J’avais la fâcheuse impression que son histoire avait marqué bien plus que ma famille, elle avait aussi marqué l’histoire de la ville de Folaincourt. Et de toute évidence, Oncle Sam ne m’avait pas tout dit sur cette mystérieuse nièce.

    - Alice ? hurla quelqu’un depuis le palier.

    La porte d’entrée claqua et j’entendis la petite voix de mon frère. Surprise, je jetais un oeil à l’heure. 19 heures.

    - Je suis dans ma chambre ! répondis-je en sautant sur mes deux jambes.

    Il fallait à tout prix que je cache le journal de Maria. Vite, vite, une bonne cachette ! J’entendis des pas lourd monter les escaliers. Pas aussi rapides que ceux de mon père, et pas aussi légers que ceux de mon frère... Oncle Sam ! S’il me découvrait en possession de ce journal, ça allait être ma fête. Ses pas se rapprochaient. Je regardai autour de moi, paniquée. J’eus juste le temps de glisser le carnet entre une pile de vêtement, avant que la porte ne s’ouvre sur mon vieil oncle.

    - Alice, nous sommes rentrés…, ses yeux scrutèrent l’ensemble de ma chambre, que fais-tu ?

    Je regardai mes deux mains glissé entre deux pulls et les retirai vivement.

    - Oh... euh, un petit peu de ménage. C’est le bazar dans mes vêtements.

    Je lâchai un petit rire nerveux. Tellement peu crédible...Dans le genre “j’ai quelque chose à cacher” j'étais au top. Mon astuce fonctionna : me prenant probablement pour une de ces adolescentes niaises, il leva les yeux au ciel.

    - Bon. Tu descends ? Nous avons commandé des pizzas.

    Je le suivis après avoir éteint la lumière de ma chambre et jeté un dernier oeil au tableau de Maria.

    Je vais découvrir ce qu’il t’est arrivé, Maria, ça n’est qu’une question de temps...

     

     

     
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  • Aujourd'hui voici le 6e passage du projet (déjà !), donc vous connaissez le principe : deux fois par mois, Mademoiselle M et moi-même écrivons la suite d'une histoire que nous inventons au fur et à mesure. C'est vous qui choisissez la suite, grâce au petit sondage à la fin de chaque épisode.

    Pour retrouver les épisodes précédents, c'est ici : 

    Episode 1 - Episode 2 - Episode 3 - Episode 4 - Episode 5

    Cette semaine, c'est mon tour ! Voici la suite de l'histoire que j'ai écrite. N'hésitez pas à voter au sondage et à laisser un petit commentaire pour donner votre avis, ça fait toujours plaisir.

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            -Il y a quelqu’un ?

    Personne ne répondit au son de ma voix. Dans un sens, c’était une bonne nouvelle : j’avais envie d’être seule après l’accident de Cassie, la rencontre avec Caleb, et toutes ces questions qui trottaient encore inlassablement dans ma tête. J’étais éreintée, et même plus que ça ; éprouvée par les évènements. Je me demandai si maman avait prévenu papa, s’ils étaient à l’hôpital au chevet de ma sœur, avec Oncle Sam. Je l’espérais. Secrètement, je comptais sur leur absence pour fouiner un peu dans le manoir.

                    Depuis toute petite, j’avais toujours été une petite curieuse. J’avais dévalisé les tiroirs de toute la maison, fouillé au fond des placards secret de maman, et ce déjà bien avant mes cinq ans : ma maison n’avait aucun secret pour moi. J’étais la reine du « je trouve ce que je cherche ». Aujourd’hui, je comptais bien mettre mon talent à l’épreuve.

                    Avant tout, j’avais besoin de réponses à mes questions. Et ces dernières étaient nombreuses ! Mon curieux esprit synthétique rassemblait les éléments de la journée passée : y avait-il un rapport entre l’accident de Cassie et l’ombre que je voyais rôder autour de moi ? Et les portraits de Maria, les murmures d’Oncle Sam et de maman, tous ces secrets enfouis, avais-je le droit de les déterrer ? J’avais envie d’en savoir plus. Je vivais un mystère, à la façon des héroïnes de roman et de films qu’il m’arrivait d’envier. Mais tout compte fait, ça n’était pas drôle. J’étais prise dans une situation délicate, je ressentais toujours ce poids dans ma poitrine lorsque je revoyais la mine de Cassie, allongée sur le bitume. La façon dont son bras était tordu…

                    J’eus un haut-le-cœur et dus me rattraper à la rambarde de l’escalier pour ne pas tomber. Bon sang. C’était seulement maintenant que je ressentais le contre-coup ? La dose d’adrénaline qui me faisait tenir depuis ce matin bouillait dans mes veines ; ma seule peur était qu’elle disparaisse, me laissant seule avec mon effroi et ma panique dissimulés.

                    Je grimpai l’escalier quatre à quatre, direction la chambre d’Oncle Sam. J’étais persuadée de trouver mes réponses là-bas, c’était son sanctuaire, son refuge. Je me détestai, de fouiner dans cette pièce qui ne m’appartenait pas, telle une voyeuse. Mais il fallait une bonne dose de courage pour mettre son nez là-dedans et je pense que Cassie aurait été fière de moi.

                    La pièce était sens dessus dessous. On aurait dit qu’une tornade était passée et avait tout ravagé. Les tiroirs étaient retournés, le lit éventré, les habits jetés en vrac hors de leurs placards, les livres déchirés. Je restai bouche-bée plusieurs secondes, puis me repris. Ne pas traîner. Oncle Sam pouvait arriver d’une seconde à l’autre.

                    Je commençai à jeter un coup d’œil dans les affaires éparpillées, sans cesser de me demander ce qui s’était passé. Il ne restait qu’un seul livre debout sur la bibliothèque. Je me relevai pour l’attraper, me pris les pieds dans le tapis et roulai au sol. Si la situation n’avait pas été si dramatique, je crois que j’aurais éclaté de rire.

                    Lorsque je secouai le tapis, je découvris une forme dans les lattes du parquet. Incroyable ! S’agissait-il d’une… trappe ? Comme dans les films, je tirai sur la poignée. Elle me résista quelque peu, mais l’adrénaline dopait mes capacités. Je soulevai la petite porte et mis mes mains dans le trou. J’en retirai un carnet à la couverture de cuir, si poussiéreux que, lorsque j’essayai de souffler dessus pour le nettoyer, je fus prise d’une quinte de toux en avalant trois centimètres de poussière. Il devait être caché ici depuis un certain temps… Chose étrange, il y avait une trace de doigt – autre que la mienne – sur la reliure. Hmm, ainsi donc quelqu’un avait consulté ce carnet récemment.

                    Je l’ouvris, essayant vainement de contrôler les battements hystériques de mon cœur. C’était la première fois que je me mettais dans un tel état de stress.

                    Les pages, jaunies, prouvaient l’ancienneté de l’ouvrage. Les mots étaient tracés à la plume, couraient sur le papier. Je plissai les yeux pour déchiffrer l’écriture vieillote.

    Lundi 12 mars.

    Je suis absolument exténuée par le court des évènements. Parfois même, lorsque les regards se tournent vers moi dans les rues, lorsque j’entends des murmures effrayés et des insultes sur mon passage, je ressens une telle colère en moi que je dois me serrer les mains jusqu’au sang pour ne pas commettre un meurtre. C’est là que je m’effraie moi-même. C’est dans ces moments-là que je réalise ce que je suis… Je n’arrive plus à me contrôler. Je mérite les appellations de « sorcière » « satan » que les villageois me donnent. Je n’en peux plus, seigneur. J’ai envie de mourir parfois. Mon père m’a encore battue hier lorsqu’il a appris ce que j’avais fait. C’est terrible, je n’arrive pas à me contrôler.

    Maria

                    Un journal intime ! Etre plongé ainsi dans les pensées secrètes de mon ancêtre me donna des frissons. Qu’entendait-elle par « des choses horribles » ? Pourquoi s’était-elle mis les gens de Folaincourt à dos ?

                    Je voulus me relever, pantelante, lorsque j’entendis des pas craquer dans l’escalier. Je me jetai sous le lit et baissai la tête pour éviter que mes cheveux ne dépassent. Mon cœur battait si fort que j’avais la sordide impression que l’on l’entendait dans toute la maison.

                    C’est alors que la porte s’ouvrit. 

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  • Je ne vous rappelle pas le principe du projet, que vous connaissez bien maintenant ! Voici les liens pour retrouver les épisodes précédents, si vous souhaitez vous rafraîchir la mémoire ou tout simplement reprendre la saga depuis le début ! 

    Episode 1 - Episode 2 - Episode 3 - Episode 4

    episode
     
    Cette semaine, c'est Mademoiselle M qui a écrit le 5ème passage. Sans plus attendre, le voici...
     

    Il faisait terriblement sombre, la pierre était humide sous mes doigts, et malgré cette peur intense qui me tordait l’estomac, je grimpai les escaliers à la suite du mystérieux inconnu. C’était à peine si j’arrivai à respirer, l’air tentait tant bien que mal de se frayer un chemin jusqu’à mes poumons. C’était atrocement douloureux. Je pensais à Cassie, à ses beaux cheveux étendus sur le sol, son visage que j’imaginais déformé par le rictus d’un hurlement qu’elle n’avait pas eu le temps de poussé jusqu’au bout. Et je revoyais cette silhouette guetter la scène au loin, à l'abri dans l’ombre. Peut-être avait-elle vu le corps de ma soeur dégringoler de ce haut édifice ? J’avais besoin de réponse. Alors je poussai l’allure et me mis à courir.

    Qui êtes-vous ? criai-je la tête levé vers le haut, Je sais que vous êtes là !

    Pas de réponse. J’atteignis, aussi essoufflé que si j’avais fait le marathon de New York, ce qui semblait être le plus haut étage de la tour. Je passai une petite porte en bois en piteux état et découvris avec crainte une pièce digne des plus grands films d’horreurs. Pourtant je me ressaisis bien vite et regardai autour de moi. Une cloche en bronze, immense, trônait au milieu. Je m’approchai et passai une main timide sur sa surface. Lorsque je retirais ma main, une petite couche noirâtre resta sur ma peau. Dégoutté, j’essuyai celle-ci sur le bas de ma veste. Je m’éloignai de cette dame de bronze. Le reste du clocher n'étair pas mieux. Des trous dans le plancher, des toiles d'araignées dans tous les coins, de la moisissure sur les murs, des bibelots datant de nombreuses années à en voir les reliures abîmées, je découvris même un piano dans un coin recouvert d’un fin drap blanc et un journal datant d’une semaine posé sur une petite table. Rien qui ne m’étonnait plus que ça. Rien, sauf qu’il n’y avait personne. Aucune trace de l’inconnu. Il faisait bien trop sombre, pourtant j’étais presque certaine d’être seule. Je tendis l’oreille. Aucun bruit. J’avais peur. A ce moment précis, je me détestai d’être aussi idiote. Montée, seule, à la suite d’un inconnu dans le clocher d’une ville aussi glauque. Et puis soudain, derrière la grande cloche, j’aperçus l’immense ouverture d’où était tombée Cassie. Le coeur battant à tout rompre, je m’approchai. Sur le sol poussiéreux je remarquais des traces de pas. La personne portait des petits talons, j’en mettrais ma main au feu. Cassie était venue ici...seulement d’autre pas était mêlé au sien. La terrible réalité commença à s’imposer en moi. Je m’approchai du bord et me penchai doucement. Je tremblais d’effroi en imaginant le corps fin de Cassie basculer dans le vide. Sur la grande place c’était la folie. L’ambulance traversait la foule de personne jusqu’au corps toujours inerte de ma soeur. De là où j’étais, tout était plus petit. Pourtant je ressentais la détresse de ma mère que je reconnaissais grâce à son chapeau d’aventurière et devinait la main de Hector, le gérant du bar, posée sur son épaule. Ma place était au côté de ma mère et de ma soeur, je n’aurai jamais dû monté ici. Mais je restais tout de même quelques secondes à fin d’observer cette immense ouverture qui laissait le carillons de la cloche résonner dans tout Folaincourt, en me demandant comment Cassie avait bien pu tomber. C’était pourtant simple, elle n’avait pas pu tomber toute seule...

        Tandis que j’étais plongé dans mes réflexions, je ne sentis pas tout de suite la présence dans mon dos. Trop concentrée, je ne sentis pas ces yeux me jauger et ne vis pas son sourire pincé déformé son visage. Clac ! Je sautais sur mes pieds comme une furie et plongeai sur la poigné de la porte qui venait de se fermer. J’entendis, tetanisée, le lourd cliquetis de la serrure s’enclencher. Tout mon corps sembla se mettre sur pause. Je mis un moment à remettre mes esprit en place. Je n’avais donc pas rêvé, quelqu’un avait donc grimpé ces escaliers avant moi. Et cette même personne m’avait observé, tapise dans l’ombre. Un tremblement insupportable me traversa de la tête au pied. J’ettoufai, l’impression que chaque recoin du clocher pouvait se refermer sur moi à tout moment et me faire prisonnière à jamais m’envahissais. Alors je me mis à taper comme une folle contre le bois de la porte et hurlai de toutes mes forces.  

    • A l’aide ! Sortez moi de là ! Au secours ! Maman !

    Et puis soudain, la poignée de la porte se mis à tourner dans les deux sens. Instinctivement, je reculais. Des gouttes de sueurs froides coulèrent le long de mon front. Oh mon dieu, il s’était amusé à me faire peur, mais à présent l’agresseur de Cassie revenait finir son travail. Me tuer...Sans plus réfléchir, j’attrapais la première chose qui me venait sous la main. C’est donc armé d’une vieille canne et les jambes tremblantes que j’attendis de découvrir le visage de…

    • Alice ?! s’écria une voix en ouvrant la porte, tu vas bien ?

    • Ne m’approchez pas ! hurlai-je en brandissant la canne au-dessus de ma tête.

    Le garçon fit un pas dans la pièce, les mains levé vers le ciel et je reconnu aussitôt les cheveux blonds de Caleb. La canne glissa de mes mains et je lâchai un hoquet de surprise.

    • Mais qu’est-ce que tu fais ici ?, demandais-je en passant un main sur mon front baigné de sueur.

    • Je t’ai vu entrer dans le clocher. Comme tu avais l’air paniqué, j’ai préféré attendre que tu redescende. Je voulais m’assurer que tu ailles bien. Sauf que tu ne redescendais pas et les secours avait déjà embarqué ta soeur et ta mère. Alors je suis monté et t’ai entendu crier...

    Je croisais mes bras contre ma poitrine. Son histoire tenait bien debout, et j’avais envie de le croire. Seulement…

    • Ah, vraiment ? Mais comment as-tu fait pour ouvrir la porte alors puisque de toute évidence tu ne l’as pas enfoncé?, dis-je en jetant un oeil à la porte dans son dos.

    C’est alors qu’il sortit de sa poche un petit trousseau de clé.

    • J’ai la clé.

    D’après mon regard étonné, il crut important de m’en dire plus.

    • Dans ma famille, nous sommes sonneur de père en fils. C’est mon père qui fait sonner cette grande cloche que tu vois derrière toi. Lui et moi, sommes les deux seuls personnes à pouvoir la faire sonner. Il n’est pas là aujourd’hui, il m’a chargé de sa clé pour vérifier si tout allait bien en son absence, dit-il non sans fierté, Mais toi, qu’est-ce que tu es venue faire ici ?

    • J’ai...j’ai vu quelqu’un...et...enfin, je...je voulais avoir des réponses. Je suis montée et quelqu’un m’a enfermé…

    • Alice, je n’ai vu personne sortir du clocher et il n’y avait personne dans les escaliers.

    • Je ne suis pas folle ! Je ne me suis pas enfermée toute seule !, m’agaçais-je.

    • Il y aurait pu y avoir un coup de vent...mais dis-moi, comment as-tu fait pour entrer ?  

    • La porte était ouverte quand je suis arrivée, dis-je.

    Il se gratta la tête, l’air embêté.

    • Vraiment ? Aïe, si mon père l’apprend, il risque de se mettre en rogne...J’étais censé vérifier qu’elle soit toujours fermé.

    • Il le saura. Comme il saura que ma soeur a été poussé de cette fenêtre….

    • Attend ! Tu crois qu’elle a été poussé ?! Elle aurait pu tombé...c’est ce genre de chose qui arrive à ceux qui sont trop curieux…

    • Ma soeur n’est ni curieuse, ni assez stupide pour se pencher au point de tomber ! Quelqu’un l’a emmené ici, et la poussé.

    • Tu as l’air bien sur de toi, remarqua-t-il.

    Je ne répondis rien. J’étais persuadée qu’il se passait quelque chose d’anormal dans ce village. Trop de mystère. Et puis, il y avait beaucoup de chance pour que l’agresseur de ma soeur et la personne qui m’avait enfermé dans ce lugubre endroit soit la même personne. A l’avenir je serais plus vigilante.

    Je suivis Caleb dans les escaliers après qu’il eut vérifié à mainte reprises que la porte soit bien fermé. Dès que j’eus posé un pied dehors, je remarquais le vide de la grande place. Il n’y avait plu une seule personne. Je me tournai vers Caleb.

    • Où sont-ils tous passé ?

    • Ils sont probablement rentré chez eux, dit-il en haussant les épaules.

    • Il est à peine midi.

    Il ne répondit rien et se mit à chercher activement quelque chose dans sa poche. Puis enfin, il en sortit une clé de voiture.

    • J’ai proposé à ta mère de te ramener chez ton oncle dès que tu serais réapparu. Elle avait l’air tellement rassuré...ça ne te dérange pas j’espère ?

    Je secouais la tête. C’était bien la premier fois qu’un garçon qui proposait de me ramener.

    Il me fit signe de le suivre. Nous traversâmes la grande place en silence. Certains volets étaient fermés, le vent traversant les ruelles à une vitesse impressionante avait pour effet de sifflet dans nos oreilles une étrange mélodie désagréable. L’impression de perfection que dégageait la ville ce matin-même était partie en fumée et à présent elle ressemblait bien plus à une ville fantôme. Quelle étrange transformation...

    • Ta soeur va s’en sortir, tu sais ? dit Caleb brisant de cette manière ce lourd silence ponctué par la lourdeur du village vider de ses habitants.

    • A ton avis, il mesure combien ce haut clocher ?

    • Hum...je n’en sais rien. Peut-être vingt mètres ?

    • Tu crois vraiment que quelqu’un puisse résister à une chute de vingt mètres ou même plus ?

    Il ne répondit pas tout de suite. Puis soudain sans que je m’y attende, il attrapa mon bras et m’obligea à m’arrêter et à le regarder.

    • Je sais que c’est dur, Alice. Je sais ce que tu ressens. Car je l’ai déjà ressenti et je le ressens toujours. Ma mère a fait une mauvais chute à cheval un jour alors que j’avais treize ans. Depuis, elle est à l'hôpital et ne s’est pas réveillée. Mais elle sortira peut-être de son coma, un jour. Comme moi, tu dois garder espoir. Sans espoir nous ne sommes rien. Ta soeur s’en sortira, j’en suis persuadée.

    C’est à ce moment précis que je fondis en larme. Sans hésitation je posais ma tête sur son épaule et il passa une main dans mon dos. Depuis que nous êtions arrivé dans ce village plus rien n’allait, j’avais tout simplement l’impression que tout m’échappait. Et c’était très désagréable de ne plus être maître de son destin.

    • Viens, je vais te ramener chez toi, dit-il en passant une main sur mon visage, balayant les larmes qui y avaient coulé, allez, fait moi un sourire.

    Je reniflais un bon coup et fit de mon mieux pour lui offrir un beau sourire. Il sourit à son tour.

    • Je te préfère comme ça.

    J’aurai du comprendre que Caleb ne me remmènerais pas chez Sam en voiture. Quel âge avait-il ? Seize, dix-sept ans, pas plus. Je ne fus qu’à moitié surprise lorsqu’il s’arrêta devant un gros scooter rouge vif du genre “m’as-tu vu”. Il se retourna vers moi un petit sourire au lèvre.

    • Je sais, c’est un peu too much, non ?

    J’haussai les épaule avec une sérieuse envie de me moquer.

    • Mon oncle s’est amusé avec elle…, s’expliqua-t-il tout gêné.

    • Je vois ça.

    • Tu n’es jamais montée sur ce genre de petit bijou, n’est-ce pas ?, dit-il en me tendant un casque noir.

    • ça se voit tant que ça ?, demandais-je en grimpant derrière lui et enroulant mes bras autour de sa taille.

    Dans un bruit monstrueux, le scooter démarra.

    • Tu sais où habite mon oncle ?

    • Tout le monde sait où habite le vieux Sam.

    Je laissais les paysages défiler devant mes yeux, heureuse de quitter le centre du village et ce clocher. Ma tête posée contre le dos de Caleb, je repensais à Cassie. Pourquoi elle ? Elle n’avait pas mérité ça.

    Effectivement, Caleb semblait très bien connaître le chemin du manoir, il tourna même dans les chemins les plus difficile et en moins de cinq minutes, il me déposa devant la porte du manoir.

    • Je peux te poser une question ? demandais-je en posant mes pieds sur le sol.

    • Je t’écoute.

    • Pourquoi l’accès du “Bar de la joie” t’es interdit ? J’ai entendu Hector et…

    • Ah...eh bien imagine une série de bêtise dont je ne suis pas fière…

    • Je ne te demanderais pas quel genre de bétise…

    • Non, mieux vaut pas, dit-il en rigolant doucement.

    Je remarquai la camionnette de l’oncle Sam garée dans l’allée. Ils étaient rentrés de leur matinée pêche, probablement alertés par ma mère. Je devais y aller.

    • Merci pour tout, dis-je en lui tendant son casque.

    • Je t’en prie, me répondit-t-il avec un grand sourire qui laissait entrevoir de belles dents blanches, j’espère sincèrement que ta soeur se rétablira...Si tu repasse en ville, n'oublie pas de venir me voir, d’accord ?

    Je rougis jusqu’au oreille. J’aurai du avoir d’autre préoccupation pourtant je ne pouvais pas m’empêcher de m’accrocher à son sourire.

    • D’accord, répondis-je doucement.

       Je restai observer la moto quitter la propriété avant de tourner les talons et monter les trois marches du perron. Mais encore une fois, quelque chose m’arrêta. Un pressentiment. Quelqu’un me guettait au loin. Ce sentiment d’insécurité qui me rongeait depuis le début de mes vacances ne semblait pas vouloir me quitter. Quelqu’un semblait ne pas voir d’un bon oeil l'arrivée de ma famille à Folaincourt, cela je commençais à le comprendre. En plus de ça ce village et ces habitants semblaient cacher quelque chose. Derrière tout ces grands sourires se dissimulaient un lourd secret. Y avait-il un rapport entre l’intru de ma chambre, Maria et l’accident de Cassie ? Je ne le savais pas encore. Alors bien malgré moi, je ferais tout pour découvrir ce qu’il se passait. La tête haute, je ne pris pas la peine de chercher le voyeur et pénétrai dans le manoir. 

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