• Projet écriture 2015 : 8e passage

    Aujourd'hui, Mademoiselle M et moi-même sommes de retour pour vous présenter l'épisode 8 du projet d'écriture ! 

    Je vous rappelle le principe, même si vous connaissez : chacune notre tour, nous écrivons un petit passage d'une histoire à suivre, que nous inventons au fur et à mesure. A l'issue de chaque épisode, à vous de voter pour la suite ! 

    Pour les retardataires, ou tout simplement si vous avez envie de tout relire (ce n'est pas si long que ça, au fond), voici les liens qui vous mèneront vers les épisodes précédents. J'attends vos commentaires avec impatience, n'hésitez pas !

    Episode 1 - Episode 2 - Episode 3 - Episode 4Episode 5 - Episode 6 - Episode 7

    Cette semaine, c'est moi qui ai écrit le 8ème passage de notre histoire. Sans plus attendre, la voici ! N'oubliez pas de voter au sondage, à la fin. Bonne lecture ! 

    episode8
     
            J’accueillis les pizzas d’Oncle Sam avec un grand appétit mêlé de soulagement. Cassie allait s’en sortir, tout irait bien. Evidemment les nombreuses questions que je me posais me trottaient dans la tête, mais c’était habituel avec moi ; j’étais le genre de fille à réfléchir sans interruption pendant des heures, jusqu’à me faire éclater la cervelle – notons que c’est pour cette raison que mes Doliprane ne quittaient jamais ma poche.

    Après le repas, je décidai de rendre visite à Cassie. Maman était épuisée, très mal en point, et partit se coucher en grommelant un « bonne nuit » expéditif à toute la tablée. Papa fronça les sourcils.

    -Je vais la voir. Alice chérie, demande à ton oncle de t’emmener voir Cassie à l’hôpital. Je vais rester avec ta mère.

    Oncle Sam était parti dans la cuisine pour vider les assiettes. Mon petit frère se mit à s’agiter, comme d’habitude :

    -Moi aussi je viens ! Je veux voir Cass’ ! Je viens ! Je viens !

    Mon regard se fit plus dur que ma pensée. Il se tut, prêt à dégainer une réplique cinglante telle que T’es pas ma mère, je viens si je veux. Ah, le bonheur d’avoir un frère. Mais Oncle Sam entra dans la pièce, tout sourire.

    -Allez les jeunes, en voiture ! Alice, j’ai cru savoir que tu voulais aller rendre visite à ta sœur, je t’emmène ma puce ! Willy, on va manger une glace tous les deux, tu es d’accord ?

    Evidemment qu’il l’était. Oncle Sam avait le don pour plaire à tout le monde et à contenter chacun.

    Le trajet jusqu’à Folaincourt se fit dans le silence, un silence lourd et pesant. J’essayais parfois de le briser, avec un petit raclement de gorge, ou bien en tentant de placer une phrase, mais la seule chose que j’avais réellement envie de dire était : Oncle Sam, que nous caches-tu ? Et bien sûr, je ne pouvais pas demander ça maintenant, alors que Willy était tranquillement assis sur la banquette arrière. Même s’il n’était pas là, je crois que je n’oserais même pas affronter le regard gris de mon oncle. Les secrets de famille, c’était toujours quelque chose de difficile à porter. Et ici, personne ne semblait vouloir crever l’abcès.

    Oncle Sam me déposa juste devant l’hôpital, et je dus me débrouiller toute seule. A l’accueil, une dame blonde m’indiqua poliment l’étage où se trouvait la chambre de Cassie et me demanda de ne pas excéder les quinze minutes réglementaires.

    Mes jambes étaient trop lourdes pour me porter jusqu’au troisième étage. J’empruntai l’ascenseur, que je retiens en appuyant frénétiquement sur le bouton lorsque d’un homme cinquantaine d’années se faufila entre les portes métalliques.

    -Merci, murmura-t-il en fuyant mon regard.

    Il était grand, et malgré son âge on voyait tout de suite qu’il avait été un bel homme dans sa jeunesse. Ses yeux bleus croisèrent les miens et il détourna presque immédiatement le regard, gêné. Mon cœur battait dans ma poitrine – son attitude était vraiment étrange.

    Puis un léger bip retentit et les portes coulissèrent dans un chuintement. L’homme passa à toute vitesse devant moi et se rua dans le couloir, visiblement pressé.

    Cassie se trouvait dans la chambre 16, celle au bout du couloir. Celle devant laquelle venait de s’arrêter l’homme de l’ascenseur.

    -Vous vous trompez de chambre, monsieur, intervins-je poliment.

    Il tourna la tête aussi vite qu’une bête traquée et devint aussi rouge que mon pull.

    -Excusez-moi, balbutia-t-il.

    Il fit demi-tour en trébuchant et disparut dans le couloir. Vraiment très, très bizarre.

    J’entrai dans la chambre. Cassie m’attendait sur le lit, coincée entre une énorme pile d’oreillers qui la faisait se tenir droite comme un piquet. Elle avait un hématome à la joue droite mais son regard s’illumina quand elle me vit. C’est la première fois qu’elle avait l’air si heureuse que je sois là.

    -Alice, murmura-t-elle en m’embrassant.

    Elle me raconta qu’elle souffrait beaucoup de la jambe, qui s’était brisée à cause de l’impact. Elle n’avait pas de traumatisme crânien, mais son bras droit était foulé. Elle s’en était bien sortie, visiblement, car les médecins avaient estimé d’une telle chute aurait pu la tuer. Cassie était une miraculée.

    Mais tout ça n’avait plus d’importance, désormais. Il fallait que je lui pose la question qui me brulait les lèvres depuis ma petite visite dans la tour d’où elle était tombée. Voyant son air sombre, Cassie fronça les sourcils.

    -Tu n’es pas tombée toute seule, n’est-ce pas ? soufflai-je à mi mots. Quelqu’un t’a poussée.

    Cassie resta interdite pendant trois longues secondes, puis se reprit.

    -Quoi ? Tu dis n’importe quoi. J’ai déjà tout expliqué aux infirmières et à maman. Je regardais le paysage, puis je suis tombée. C’est tout.

    J’avais le don de deviner quand Cassie mentait. Elle respirait légèrement plus fort, les commissures de ses lèvres s’élevaient et sa voix avait tendance à partir dans les aigus.

    -Tu mens. Quelqu’un t’a poussée, et je suis même sûre que tu sais qui c’est. Tu protèges la personne, et j’ignore pourquoi.

    Je bluffais, évidemment, mais ça Cassie n’était pas censée le savoir. Elle n’avait pas mon don de détecteur de mensonge ambulant.

    -Alice, tais-toi, tu sais bien que…

    -Arrête c’est important ! Dis-moi ce qui s’est passé, j’ai besoin de savoir.

    Cassie baissa les yeux et me fit promettre de ne rien dire à nos parents. Détecteur de mensonge fonctionnel, décidément ! Je fis la promesse puis m’assis au bord du lit pour écouter son histoire. Et c’est là que je sus. 

     
     


  • Commentaires

    1
    Victoire3
    Dimanche 24 Mai 2015 à 19:18
    Comme je le disais à Mademoiselle M, c'est encore un très beau passage porté par une magnifique plume ! Je te félicite pour tout : la qualité de l écriture, le suspens, le mystère qui plane autour des personnages ! Parfait ! :)
      • Juju991 Profil de Juju991
        Lundi 25 Mai 2015 à 15:12
        Merci beaucoup, c'est vraiment super sympa ! Je suis contente que tu aies aimé :)
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