• Projet écriture 2015 : 4e passage

    Je ne vais pas vous rappeler le principe, maintenant vous êtes habitués à ce projet ! Si ce n'est pas le cas, petite séance de rattrapage avec l'épisode 1 (ici), l'épisode 2 (ici) et l'épisode 3 (ici). 

    Je vous laisse avec le quatrième passage, que j'ai écrit. N'oubliez pas de voter au sondage, à la fin du récit, pour choisir la suite qu'il vous plaira et que Mademoiselle M devra écrire ! Bonne lecture, et n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires.

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       Le village de Folaincourt était tel que je l’avais imaginé : composé de petites rues garnies de nombreuses boutiques, il n’y avait pas foule sur la place du village. Une statue en bronze surmontait une fontaine ; autour avaient été construites des maisons qui semblaient centenaires. La tour de la ville – une grande horloge plus qu’une tour, en réalité – surplombait la ville.

    J’appréciais l’atmosphère mystérieuse qui se dégageait des lieux. Bizarrement, nous étions les seuls passants, alors que maman m’avait confié que Folaincourt était un village assez touristique.

            -Où sont les boutiques ? grommela Cassie en descendant de la voiture.

            Maman fit comme si elle n’avait pas entendu. Elle souriait, heureuse de retourner dans son village d’enfance. Mais il y avait autre chose sur son visage. Une lueur plus sombre, presque effacée, que je n’aurais pas su expliquer. Quelque chose d’effrayant.

            -Tout va bien, maman ? m’enquis-je en claquant la portière.

            Elle se tourna vers moi, tout sourire. La lueur inquiétante avait disparu.

            -Evidemment, ma chérie. Et tout ira encore mieux lorsque je vous aurais fait goûter les gaufres du Bar de la Joie. C’était là qu’on se retrouvait tous les soirs avec des amis du lycée. Sam m’a dit que le gérant n’avait pas fermé boutique ! C’est une super nouvelle, vous ne trouvez pas ?

            J’entendis Cassie grogner – elle m’agaçait. C’était rare que maman fût d’aussi bonne humeur, et cela faisait des années qu’elle n’était pas venue ici. Nous pouvions donc nous efforcer d’être de bonne compagnie, c’était le minimum. Je décochai un regard noir à ma sœur et nous emboîtâmes le pas de maman.

            Les rues étaient vides, pourtant les stores de chaque boutique étaient ouverts. Cordonnier, boucher, serrurier, boulanger, artisan, tous les petits commerces étaient représentés.

            Nous arrivâmes devant une échoppe sombre. La façade, entourée de lierre sauvage, annonçait en grandes lettres dorées : Bar de la joie. Maman avait l’air radieux. Elle ouvrit la porte, et une petite cloche se mit à carillonner.

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    Un homme immense vint alors à notre rencontre. Il portait une longue barbe blanche et sale, qui se mêlait au tissu de son tablier de cuisine. Il croisa les bras en nous apercevant.

            -Tiens, des petits nouveaux. Bienvenue au…

            Maman ne lui laissa pas le temps de finir ; elle lui sauta dans les bras. Je ne l’avais jamais vue si excitée. On aurait dit une enfant découvrant Disneyland.   

            -Hector, s’écria-t-elle. Tu ne te rappelles pas de moi ?

            La phrase bateau. Et dire que c’était ma mère qui la prononçait ! L’homme se gratta la tête, perplexe, et dévisagea longuement ma mère. Puis son regard s’éclaira.

            -Katherine ! Nom de Dieu !

            Il paraissait réellement surpris de la voir ici. Je devinai que maman n’était pas venue depuis des dizaines d’années.

            -Comme tu as grandi, s’extasia Hector.

            Il se tourna vers Cassie et moi.

            -Tu me présentes, Cath ?

            Ainsi donc, ma mère avait un surnom. Je ne pus m’empêcher de ricaner. Cassie me toisa d’un air méprisant – elle n’avait pas l’air de trouver ça drôle, elle.

            -Hector, voici Cassie et Alice, mes deux filles. Leur petit frère est parti pêcher avec leur père. Les filles, voici Hector, le propriétaire du bar. Tout le monde le connait ici.

            -Votre mère venait au Bar de la joie tous les jours, à votre âge. Toujours entourée de sa bande de copains.

            Maman se racla la gorge, un peu gênée.

            -Oui, bon. Tu nous sers un Coca ? On va aller s’asseoir là-bas.

            Elle désigna des tables rondes, au fond du bar, tandis qu’Hector repartait au comptoir. Maman nous expliqua que ce bar était le rendez-vous quotidien de tous les jeunes de Folaincourt.

            Je me surpris à me demander si Alexandre traînait par ici. Je rougis à cette idée.

            Je n’étais pas belle comparé à Cassie. Si l’une de nous deux devait plaire à Alexandre, j’étais certaine que ce ne serait pas moi. Cassie faisait tout mieux que moi, elle possédait une assurance face aux garçons que je n’avais pas ; en fait, elle était comme une version améliorée de la petite Alice, timide et trop mince.

            Je jetai un coup d’œil à Cassie pour tenter de lui trouver quelques défauts, afin de me remonter le moral – plaisir sadique que d’avoir une sœur. Elle était toute pâle.

            -Je ne me sens pas très bien, je crois que je vais aller prendre l’air, s’excusa-t-elle d’une petite voix.

            Maman voulut dire quelque chose, partir à sa suite, mais Cassie avait déjà disparu. Hector vint nous apporter les boissons, et je pensai à autre chose.

            Un garçon d’environ dix-sept, dix-huit ans, entra alors dans le bar. Je le dévisageai, surprise par sa mèche de cheveux blonds, jurant avec la noirceur de ses cheveux. Ses yeux noirs perçant me reluquèrent à leur tour.

            Maman choisit ce moment pour se lever.

            -Il vaudrait mieux que j’aille retrouver Cassie. Elle ne connait pas la ville et risque de s’y perdre.

            Lorsqu’elle franchit la porte, je sentis une main effleurer mon épaule. Je sursautai. Le garçon qui venait d’entrer dans le bar me regardait avec un petit sourire.

            -Tu es la petite nièce de Sam, c’est ça ?

            Mes yeux s’écarquillèrent aussitôt, échappant à ma volonté.

            -Euh, effectivement. Comment tu le sais ?

            Il haussa vaguement les épaules en s’asseyant sur la chaise en face de moi.

            -Disons que c’est une petite ville, ici. Je m’appelle Caleb. Tu es en vacances ?

            Passé l’effet de surprise, je décidai de répondre à ses questions sans rougir ni bégayer – était-ce encore possible ?

            -Oui, je reste deux semaines chez mon oncle. C’est très chouette, ici. Enfin, j’aime bien le coin, quoi.

            Il éclata de rire. Ses yeux noirs semblaient pétiller.

            -Folaincourt n’est pas le lieu idéal si tu veux t’éclater, mais oui, c’est chouette. Enfin, ce n’est pas l’adjectif qui me viendrait en premier pour décrire cette ville. Il y a… pas mal de mystère. Tu devrais éviter de te faire trop remarquer, si tu vois ce que je veux dire, termina-t-il d’un air mystérieux.

            Non. Je ne voyais absolument pas. J’allais lui demander d’éclaircir son propos, lorsqu’Hector fit son apparition et posa sa grosse main sur l’épaule de Caleb.

            -Tu n’as rien à faire ici. Tu le sais.

            Caleb se leva, blanc comme un linge. Il me lança un regard dépité, ouvrit la bouche pour dire quelque chose, puis se ravisa. Alors qu’il ouvrit la porte du bar pour sortir, un cri se fit entendre au dehors. Cassie. J’aurais reconnu son timbre à des kilomètres à la ronde.

            Je bondis dehors, les jambes tremblantes, et eut un sursaut lorsqu’un deuxième hurlement retentit dans la ville ; celui de ma mère cette fois, j’en étais certaine. Je me mis alors à courir, les jambes flageolantes, mon cœur tambourinant dans ma poitrine comme s’il voulait en sortir.

            Je vécus la scène au ralenti, comme dans un film. J’arrivai sur la place du village, près de la tour de d’horloge où maman s’était garée en arrivant. Le corps de Cassie gisait face contre terre, ses longs cheveux couvrant son visage. Son bras gauche formait un angle bizarre.

            Maman était agenouillée auprès d’elle, le visage congestionné par l’horreur, les yeux sortis de leurs orbites. La scène était surréaliste. Je plaquai une main sur ma bouche et m’élançai vers elle.

            -Maman !

            Ma mère caressait à présent les cheveux de Cassie en pleurant, son portable dans la main.

            -Appelle, balbutia-t-elle la voix couverte par les larmes, appelle une ambulance. Vite !

            Les doigts tremblant, je composai le numéro des urgences.

            -Elle est tombée, elle est tombée du clocher, je l’ai vue là-haut, Alice, Alice, elle est tombée, elle est tombée, Alice fais quelque chose, je t’en prie, elle est tombée.

            Une fois les urgences sur la route, je jetai un coup d’œil à la foule de curieux amassés autour de nous, tous terrorisés, choqués. Je voulus les faire partir mais ma voix resta coincée dans ma gorge.

            -Elle est tombée du clocher, sanglotait maman.

            Je regardai le corps inerte de ma sœur, incapable de réagir, puis mon regard se porta vers la tour où elle était tombée. Une silhouette observait la scène depuis le clocher, puis disparut à l’intérieur du bâtiment.  

            Sans même réfléchir, je m’élançai à sa poursuite et pénétrai dans la tour. Il faisait sombre, l’air était frais, mais l’adrénaline m’empêcha de faire marche arrière : mes jambes, hors de ma volonté, se mirent à grimper l’escalier. 

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  • Commentaires

    1
    Victoire3
    Mardi 17 Mars 2015 à 17:12
    Et dire que je n'ai le droit qu'à ça toutes les deux semaines ! :( Non mais bref, c'est magique ! J'aime énormément ton style, ton langage, ta manière de nous raconter les choses ! Bravo ! Victoire3
      • Juju991 Profil de Juju991
        Mercredi 18 Mars 2015 à 18:28
        C'est tellement gentil à toi, tes compliments me vont droit au coeur. Merci, merci, merci ! Je suis contente que cette histoire te plaise.
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